
26 juillet :
Encore une nuit à bord sur le bateau….
Nous partons de Zarate (Argentine) pour aller de l’autre côté du Rio del Plata, à Montevideo (Uruguay), point de chute et fin de notre traversée en bateau.
37 jours de bateau….. le souvenir d’une très belle expérience et après discussion avec nos amis Suisses avec qui nous avons partagé ce voyage, nous n’avons pas eu l’impression d’être restés autant de jours à bord.
Nous avons l'autorisation de descendre nos affaires depuis notre cabine située au 12 ème étage pour aller au 6 ème étage où kokopelli, notre camping-car s’impatiente de nous retrouver et a hâte de partir à l’aventure…. Nous faisons des allers-retours et descendons le maximum d'effets.
Hélas en entrant dans le camping-car nous découvrons un problème…..plus aucune électricité dans la cellule.
Rien ne fonctionne, l’allumage du tableau général qui normalement permet d’afficher les appareils connectés ne fonctionne pas. Nous essayons à nouveau mais aucun résultat.
Du coup sans électricité, nous ne pouvons pas faire fonctionner le frigo et le freezer ni la pompe à eau pour avoir de l'eau à l’évier, lavabo ainsi qu’à la douche et encore moins pour activer la cuve des toilettes….ne plus avoir d'électricité c'est ne pas avoir de chauffage ni production d’eau chaude car la pompe fonctionne au courant. Et pour terminer cet inventaire c’est tout simplement ne plus avoir d'éclairage. Bref l’absence de cette source d’énergie dans un camping-car correspond un peu aux problèmes rencontrés dans une maison en pareille circonstance…
Je me rapproche de l’officier en chef afin de savoir si je peux connecter le camping-car à une prise de courant pour recharger les batteries qui ne donnent plus de signe de vie. La réponse donnée est ‘niente' ….bon je crois que j'ai compris, il va falloir que je trouve une autre solution. Je discute avec l’électricien puis avec le mécanicien de bord… Ils me confirment qu’il faudrait recharger les batteries…
Alors que nous prenons notre petit déjeuner, un des derniers à bord, nous croisons le commandant qui vient comme à son habitude prendre un café et manger une brioche en prenant soin de retirer la mie, cela nous a toujours amusé. L’idée d’aborder le problème du camping-car nous vient à l'esprit. Le commandant qui s’appelle Salvatore est une personne apparue froide dans les premiers temps de la traversée mais au fil du temps nous discutons souvent. Il semble fatigué de travailler, il lui reste encore deux ans avant de partir en retraite et cet âge presque en commun offre la possibilité d’échanger sur la vie en retraite.
Bref, dans un langage mêlé d'italien et d'anglais, j'expose mon problème et il me demande de voir l'officier en chef afin de m’aider en précisant que la demande émane du ‘master' – commandant.
Couvert de cette information je retourne donc voir l'officier qui me précise qu'il n'existe pas de prise de courant sur le pont 6. Peut-être que le ‘niente' voulait dire ceci. Il me suggère de sortir les batteries du véhicule et l’atelier de mécanique du bateau s’occupera de les recharger. Ce serait si simple mais les deux batteries cellules se trouvent sous le siège passager et que sortir ces deux batteries nécessite de retirer le siège de son support. C’est quelque chose de tout à fait envisageable et sans précipitation car ce matin du 26 juillet, le bateau est ‘encore’ à l'arrêt au large à cause du vent ….mais…. mais…

Dans la préparation du véhicule en vue de faire la traversée, nous avions placé une cloison séparant le poste de commande de l'intérieur du camping-car afin d’éviter d’éventuels vols aux escales. Et cela complique la tâche car pour retirer les batteries, il faut certes retirer le siège passager, mais auparavant il faut démonter la cloison rendue rigide par une vingtaine de boulons, de quoi passer bien 3 heures avant d'accéder aux batteries….. J’explique à l'officier en chef la situation il nous invite à le retrouver auprès du véhicule.
J’enfile rapidement une sorte de ‘bleu de travail' et nous voici dans l'ascenseur, direction le pont 6. Un travailleur philippin détache les quatre sangles d'amarrage du véhicule au sol et on nous demande de conduire le véhicule du pont 6 au pont 3. L'officier m’explique que ces manœuvres sont normalement contraires aux règles de sécurité de la compagnie Grimaldi, car pour permettre au véhicule d’atteindre le pont 3, ils ont ouvert une porte géante servant de sas de sécurité en cas d’immersion d'eau.
Bref ce déplacement va permettre de raccorder le véhicule sur une prise 220v afin de recharger les batteries sans démontage. Nous apprécions beaucoup l’implication de l’officier pour nous aider. Appelé à remonter à son bureau, il nous demande de rester sur place durant la phase de recharge. Cela va certainement durer des heures mais tant pis, nous préférons rester auprès du véhicule.
Pour occuper notre temps, nous retirons la cloison aux dos des sièges avant pour la ranger soigneusement dans la soute.
Prochaine utilisation de cette cloison, ce sera lorsque kokopelli retournera en Europe depuis la Colombie, soit vers mars 2020….. Nous en sommes encore loin…
Nous retrouvons un intérieur plus spacieux à bord de kokopelli, cela nous permet de mettre un peu d’ordre à l'intérieur du véhicule tout en surveillant l’évolution du niveau de charge. Nous ne comprenons pas pourquoi sur un mois de bateau ces batteries se sont vidées alors que des nouvelles avaient été mises en place peu avant le départ du voyage.
La cloison retirée nous avons trouvé l’origine du problème. Sous le siège ‘conducteur’ se trouve un convertisseur 12/220 v sinusoïdal relié aux deux batteries situées sous le siège passager.
Ce convertisseur possède une puissance suffisante permettant à Sylvie de se servir d’un sèche-cheveux. Avec la cloison en place, il fallait glisser sa main derrière le siège conducteur pour atteindre l’interrupteur de mise en fonction. C’est ce que j’avais fait le matin même avant d’embarquer sur le bateau pour distribuer du courant dans le camping-car. Hélas, j’avais oublié d’éteindre le convertisseur après que Sylvie se soit séché les cheveux si bien que l’écran de contrôle est resté allumé durant tout le voyage en bateau déchargeant ainsi les batteries.
Pasquale, le mécanicien de bord vient souvent prendre des nouvelles et constate que le 220 v du bateau va mettre beaucoup de temps pour recharger les batteries. Il m’explique son idée mais je ne comprends pas tout, je dois dire même que je ne comprends rien à sa solution tant il parle vite ! Bref il repart et revient en tirant avec lui une sorte de chariot roulant. Là je comprends mieux. Pasquale réalise un montage ‘sauvage’ et branche directement un rechargeur d’atelier sur les deux cosses.
5 heures plus tard, la tension revient presque à la normale ! Un soulagement, très gros soulagement. Amené à rouler durant le périple permettra de retrouver la pleine puissance. Enfin le problème est solutionné. Nous ne manquons pas de remercier les personnes qui nous ont aidé.
Nous voici prêts à débarquer à Montevideo, sortie pour demain le 27 juillet….