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Carhué - Villa Epecuén

Photo du rédacteur: Jo et SylvieJo et Sylvie

12 septembre :

Depuis notre départ de ‘Esteros Del Ibera’ pour la ‘Peninsula de Valdez’ nous prenons le temps tout en traversant la pampa argentine.

La pampa est une vaste région d’Amérique du Sud incluant la province de Buenos Aires. Faite de prairies et dépourvue d’arbres, nous croisons de nombreuses ‘estancias’. Les champs renferment une quantité innombrable de bovins aux couleurs différentes.

En route nous faisons une étape à Carhué, une station thermale située dans la province de Buenos Aires en bordure de la lagune Epecuén.

Notre randonnée va consister à se rendre à Villa Epecuén,une ville-fantôme située à 8 kms de Carhué.

En raison du taux de salinité comparable à celui de la Mer morte, Villa Epecuén connaissait un riche intérêt touristique pour les soins thermaux, jusqu’à ce que la nature reprenne le dessus.

En 1985, après une grande sécheresse suivie de fortes pluies, la ville fut totalement immergée par 7 mètres d’eau voire 10 mètres par endroits en l’espace de quatre jours. Aidés des villageois voisins, les habitants furent évacués emportant le strict minimum.

Dans les années 90, l’eau a commencé à redescendre et aujourd'hui la ville, devenue ville fantôme, est à nouveau partiellement visible.

Le décor ressemble à un scénario d’après-guerre comme une ville bombardée ou à la suite d’un tremblement de terre rayant définitivement Epecuén de la carte.

Les murs de grands hôtels jadis très fréquentés sont effondrés, il ne reste qu’un amas de pierres. Quelques pans de murs revêtus de faïence ont su résister depuis 25 ans au cataclysme et sont encore debout.

Nous devinons des entrées de maisons avec quelques piliers en bordure de rues, des poteaux électriques sont encore bien ancrés dans le sol. Certaines avenues sont encore remplies d’eau et il faudra encore des années pour que d’autres habitations sortent de l’eau.

Des eucalyptus qui ont baigné dans une eau durant près de 25 ans sont aujourd’hui pétrifiés, blanchis et dépourvus de leur écorce. Le spectacle est très émouvant et on devine la panique vécue par les habitant contraints à laisser derrière eux leurs maisons, leurs souvenirs, leurs histoires, leur passé.

Dans la hâte de cet exode précipité, certaines familles ont transporté les cercueils de leurs proches hors du cimetière avant que celui-ci ne soit à son tour englouti.

La plage est encore presque intacte avec sa douche de plage et ses parasols faits de bois.

Rongé par le sel, nous apercevons une voiture, du moins ce qu’il en reste.

Un peu plus loin, nous croisons des sanitaires, de la vaisselle, des bouteilles, des ustensiles de cuisine des tuyaux de plomberies.

Depuis une fenêtre d’un hôtel, du moins de ce qu’il en reste, nous apercevons une armoire partiellement délabrée qui a su résister au long séjour dans l’eau.

Avant de prendre le chemin de retour totalisant 20 kms de marche, nous faisons une halte au musée Villa Epecuén où des objets retrouvés lors de la décrue sont exposés. Les murs affichent des photos d’époque de familles venues ici en cure thermale ou profiter de la salinité de l’eau pour « s’amuser » à flotter à la surface sans deviner que cette eau qui faisait vivre la cité allait anéantir la station balnéaire à jamais.

Un coucher de soleil derrière tous ces arbres viendra clôturer cette journée. Bon nombre d'habitants de Carhué viennent assister à ce coucher de soleil face à Villa Epecuen peut-être par nostalgie et saluer un temps passé.

13 septembre :

Nous quittons Carhué pour avancer dans notre route pour la ‘Peninsula de Valdez’ Nous stoppons à une panaderia (boulangerie). A peine sortis du véhicule, un homme nous interpelle et nous demande s’il peut photographier kokopelli. Il est fréquent de croiser des personnes qui nous posent cette question.

Nous engageons la conversation avec Gercison, un brésilien installé ici qui est joaillier. Nous parlons de la cité engloutie visitée la veille et il nous présente un récent article de journal local dans lequel il apparait.

Il a en tête un grand projet et souhaite faire tailler une grande croix à partir de l’un des gros eucalyptus et y placer une plaque qu’il aura gravé, une plaque bénie par le pape, à la mémoire du sinistre.

En dehors de son activité, il pratique le rodéo et lorsque nous annonçons que nous allons ‘vers le sud’, il nous informe qu’un spectacle va avoir lieu le prochain week-end dans un village situé sur notre route.

Il nous explique tout ceci en détail lorsqu’un ami à lui entre dans le magasin qui prend part à la conversation. Il prend un bout de papier et note le nom de l’organisateur du rodéo en ajoutant un petit message. Porteurs de ce message sur papier nous serons traités en ‘VIP’….

Nous profitons de Gercison et expliquons le problème que nous rencontrons avec notre carte sim-argentine achetée il y a quelques mois. Nous souhaitons bénéficier de datas internet et sommes limités malgré nos recharges à 50 méga par jour, ce qui est très peu. Gercison s’empresse de fermer sa boutique et nous emmène chez un ami à lui non loin de là qui tient un magasin de téléphone.

A chaque coin de rue, des personnes s’arrêtent pour échanger quelques mots avec lui et nous sommes présentés.

Angel, le responsable du magasin de téléphonie aussi sympathique que Gercison va très vite solutionner notre problème. Nous disposons à présent de plus de ressources internet.

Si Gercison apparait comme très populaire dans la ville, cela va plus loin dans d’autres endroits de l’Argentine, sans doute à cause des rencontres de rodeo. Il nous donne quelques adresses et contacts de ses connaissances en cas de besoin. Ce n’est pas une ‘Europe assistance’ que nous avons mais une ‘Argentine assistance’…..

Avant de partir, il offre à Sylvie une médaille ‘porte-bonheur’ qu’il a gravé, une médaille que nous fixons au tableau de bord et qui va nous accompagner tout au long de notre périple.

Gercison (alias HAKUNA MATATA) et Angel, nous vous remercions beaucoup de votre temps, de votre sympathique accueil et précieuse aide, une caractéristique une fois de plus démontrée des Argentins.

Nous reprenons la route et après Bahia Blanca, nous allons passer au premier contrôle phytosanitaire.

Nous sommes dans le même pays mais allons changer de province pour entrer en Patagonie et certaines denrées alimentaires sont interdites comme fruits, certains légumes, viandes.

Le problème est que tout au long de la route, nous avions fait le plein de fruits auprès de marchands ambulants et que le frigo de kokopelli est encore bien chargé de charcuterie, fromages et autres.

Deux possibilités sont possibles, soit nous stationnons avant le point de contrôle et ingurgitons le tout ou nous cachons tout çà dans kokopelli. Il est 3 :00 de l’après-midi, on ne va tout de même pas se remettre à table ! Allez, nous prenons la deuxième option tant il est vrai que le véhicule dispose de coins et recoins insoupçonnables mais nous laissons volontairement quelques fruits en évidence dans la corbeille à fruits.

Alors que nous approchons ce premier contrôle, nous nous interrogeons « et s’ils ont des chiens pour contrôler »….. Tant pis le risque est pris, nous aviserons si le cas se présente.

Nous nous arrêtons donc au premier poste, la personne nous interroge bien sur si nous ne possédons pas fruits, légumes….etc. ..etc… Du haut de la portière, fenêtre baissée, je fais mine de ne pas comprendre et je montre les papiers du véhicule. La personne très sympathique, fait le tour du véhicule et arrive à la porte d’entrée. Il nous explique que certains produits sont interdits….

Sylvie lui montre 2 pommes de la corbeille à fruits que nous lui remettons. En ouvrant le frigo, Sylvie sort une orange et la présente à la personne qui nous souhaite bon voyage et nous informe qu’un autre contrôle est prévu dans une centaine de kilomètres.

Arrivés à ce deuxième contrôle, je baisse la vitre et ‘fort’ de mon espagnol, j’indique au contrôleur que « son ami a pris tous les ‘frutas’ ».

Il sourit et nous demande si nous avons de la viande et dans une totale synchronisation bien préparée, Sylvie et moi répondons ‘no noooo’ tout en hochant la tête.

Quelques kilomètres plus loin, nous remettons toutes les denrées en place dans le frigo.

Nous voici en Patagonie !

Prochaine étape :Route pour 'Peninsula de Valdez'.

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