
20 septembre :
Nous approchons enfin d’un endroit d’Amérique du Sud que nous ne voulions pas rater dans ce périple. Je veux parler de la ‘Peninsula de Valdés’.
Ce n’est pas un hasard si nous avons souhaité quitter la France en juin dernier et arriver ici en hiver dans l’hémisphère sud. Après la traversée en bateau, visite d’une partie du Brésil suivie du nord de l’Argentine, nous voici au début de printemps à Valdés.

Peu de kilomètres avant Puerto Madryn, porte d’entrée de la péninsule nous faisons une halte ‘photo’ attirés par la présence de quelques guanacos en bordure de route.
Kokopelli ne semble pas apprécier le bas côté encore mouillé par la pluie de la veille. Conséquence, la photo est vite oubliée, les roues du camping-car sont bien ancrées dans la boue, marche avant, marche arrière, départ en seconde, rien n’arrange les choses bien au contraire.
Nous avons des plaques de désensablement et un bon cric dans la soute mais ‘pas trop envie’ de les sortir. Nous réservons cet usage pour des routes isolées. Là ce n’est pas le cas sur cette ‘ruta 3’ qui est la route principale du nord au sud du pays.
Je fais signe à une première voiture qui s’arrête. Malheureusement, ce véhicule n’est pas de taille pour nous extraire de cette boue grasse et collante. Il s’en suit une deuxième voiture mais là non plus le véhicule ne convient pas. Il faut dire que kokopelli totalise un peu plus de 3.5 tonnes et qu’une fois enlisé la charge à tirer est nettement supérieure.
Un routier stoppe ensuite à notre niveau et comme dans une opération ‘commando-chronométrée’, il lie notre sangle de remorquage à sa remorque nous remet sur le bon chemin.

Passé cette petite mésaventure qui n’aura duré que dix minutes, nous nous remettons alors en route et arrivons finalement à Puerto Madryn, province de Chubut.
C’est une ville industrielle et touristique à la fois. Nous nous arrêtons pour se documenter à l’office du tourisme, faisons le plein de provisions et de gasoil avant de se rendre sur la péninsule.

De juin à décembre, les baleines franches australes arrivent de l’Antarctique pour mettre au monde leurs baleineaux ou pour s’accoupler dans le ‘Golfo Nuevo’ que forme la péninsule.
Septembre et octobre correspondent à la période idéale pour observer ces cétacés qui s’approchent très près du littoral.
Nous prenons la direction de la ruta provinciale 2 puis une piste faite de ripio et établissons notre premier bivouac sur la ‘playa Canterra’, une large plage d’une vingtaine de kilomètres située sur le bras de terre menant à la péninsule.

Nous voici face à la mer, un parfait endroit pour observer ces mammifères marins.Sur place nous croisons d’autres familles en camping-car français, hollandais, allemands mais aussi des vacanciers venus là observer le manège des cétacés.
A marée haute, les baleines adultes de 15-17 mètres pour un poids de 35-40 tonnes passent à quelques dizaines de mètres du bord de la plage. A leurs côtés, c’est un baleineau qui suit sa maman, un baleineau qui mesure 7 mètres pour un poids de 3 tonnes. Le spectacle est impressionnant.
La nuit, nous entendons les vagues venir s'échouer sur le bord de plage mais aussi le souffle dégagé par ces cétacés à la surface de l'eau.
On se demande comment elles arrivent à se déplacer tout en étant si proche du bord. Le ranger que nous rencontrons nous explique que la plage descend très vite en profondeur ce qui permet aux baleines de longer le littoral à marée haute.
La baleine ne possède pas de dents et Ruanle ranger nous montre une ‘pale’ d’une hauteur de presque 2 mètres. Celle-ci ressemble à une branche de palmier arrachée et séchée. En fait c’est une pale avec faite de cornée de la bouche de la baleine. Cela lui sert à filtrer les aliments (krill) ingurgités et drainer l’eau. Celles-ci sont au nombre de 250 de chaque côté de la mâchoire supérieure.
La baleine est un être inoffensif pour l’homme et très curieux de son environnement. C’est pour cette raison que la chasse à la baleine était ‘facile’ dans le passé. Aujourd’hui, seul le Japon continue cette pratique.
A côté du poste du ranger nous sommes impressionnés par la taille des os qui constituent la mâchoire inférieure.
>>‘A propos, pourquoi les baleines possèdent-elles des coquillages sur leur peau ?’
>>‘Ce ne sont pas des coquillages comme beaucoup de personnes pensent mais des callosités dans lesquelles se développent des ciamidos, une sorte de petit parasite de 1 à 2 centimètres.’
C’est pour cette raison qu’il est fréquent de voir des mouettes qui viennent piquer et arracher des morceaux de peau sur ces mammifères venus en surface de l’eau. Cela provoque des lésions qui s’infectent et à terme qui condamne le mammifère.
Après ces intéressantes explications nous rentrons de notre balade sur la plage en rencontrant de magnifiques oiseaux sur notre chemin comme le 'loica' avec son corps rouge.
Après 3 jours de pur enchantement nous décidons de quitter notre bivouac pour entrer plus en avant dans la péninsule. En camping-car nous poursuivons la piste de ripio qui longe une côte très découpée jusqu'à l'entrée du parc.
Nous passons à une station de péage, la péninsule de Valdés étant un site protégé inscrite au patrimoine de l’Unesco. A proximité de là se trouve le centre d’informations que nous visiterons en quittant la péninsule.
Nous arrivons à Puerto Piramides, 20 kms plus loin, la seule et unique ville de la péninsule.
Puerto Piramides totalise 500 habitants en temps normal mais ce nombre croît très vite en journée à l’arrivée de bus de tourisme. Cette station est le point de départ d’excursions en bateau et la ville connait une vive agitation en journée pour retrouver un certain calme en soirée.
23 septembre :
Depuis Puerto Piramides débute une route de75 kms faite de sable et de graviers (ripio) qui mène à un point de la péninsule : Caleta Valdés.
Nous décidons de partir tôt ce 23 août pour éviter de rencontrer les ‘mini-bus’ touristiques mais surtout pour emprunter cette piste avec précaution. Une conduite inappropriée ferait vite déraper le véhicule. De plus le croisement avec un autre véhicule à forte allure pourrait être néfaste si un gravillon venait terminer sa course sur le parebrise.
Nous traversons de vastes étendues faites d'estancias et de prairies arides. Sur ces terres vivent en harmonie des guanacos, une espèce proche du lama qui lui a été domestiqué, moutons, chevaux et vaches, un animal qui ressemble à un tatou.
Nous arrivons au bout de 2 heures à un point d’observation de manchots de Magellan (pinguinos de Magallenes).
En septembre, les mâles reviennent dans cette zone, retournant aux mêmes nids abandonnés la saison précédente. Ils remettent en ordre les terriers, paillant le sol avec de l’herbe coupée et attendent ‘sagement’ les femelles qui elles arrivent un peu plus tard. Les couples formés vont couver pendant 40 jours 2 à 3 œufs jusqu’à ce que naissent des petits pingouins.
Nous poursuivons la piste pour Caleta Valdés, un point d'observation de phoques dont les plus grand d'entre eux, les éléphants de mer et leurs harems.
Nous sommes au printemps et c’est à cette époque de l’année que les éléphants de mer se hissent sur une longue bande de gravier de cette baie abritée.
Les femelles donnent naissance aux petits, tandis que les mâles imposent leurs présences devant son harem pour impressionner ces dames et affirmer son autorité...
Les nouveaux-nés ne sont pas toujours à l'abri car c'est là que des orques n'hésitent pas à avancer sur le banc de sable pour 'arracher' ces bébés à leurs mamans.
Après ces ‘purs moments’ nous reprenons le chemin du retour pour Puerto Piramides.
Peu avant d’entrer dans la ville, nous bifurquons vers un point de vue qui nous montre l’ampleur de la péninsule avec ses falaises découpées.

Nous croisons une famille attirée par kokopelli. Nous discutons de notre périple, Esteban et Sabrina qui parlent très bien anglais nous posent beaucoup de question tant sur le voyage que sur l’implantation de kokopelli.
La discussion se termine par une visite et nous voici tous réunis à l’intérieur.
De plus, le soir approche, il souffle une bonne bise sur le haut des falaises et nous proposons à cette charmante famille de les ramener à Puerto Piramides.
Ils habitent le nord de Buenos Aires et nous sommes invités à un assado ‘low fat’ pour le mois de mars prochain.
24 septembre :
Nous ne voulions pas quitter la péninsule sans avoir approché encore de plus près les baleines.
Nous nous inscrivons donc pour une excursion en bateau avec un départ prévu à 10 :00.
Il souffle un vent ‘patagonien’ très fort et le départ est reculé par mesure de sécurité. Nous devons nous présenter à nouveau à 12 :00.

Nous sommes nombreux à enfiler nos gilets de survie et partons prendre place dans l’embarcation.
Un tracteur met à l’eau le bateau qui va nous emmener à proximité des baleines.
La mer est toujours très agitée et il est difficile d’apprécier pleinement les sauts des baleines. Il est encore plus difficile d’immortaliser ces ‘figures de saut’ avec l’appareil photo.
Le spectacle est quand même impressionnant. Nous rencontrons beaucoup de baleines au cours de cette sortie. Certaines frôlent l’embarcation, d’autres jaillissent de l’eau, effectuent une vrille sur elles-mêmes et replongent dans un fracas à la surface de l’eau. D’autres encore se mettent d’aplomb et ne laissent paraitre à la surface que leur large queue en forme de ‘V’. Certaines comme pour se repérer ou expirer pointent leur tête à la surface.
Avec le vent il y a de nombreuses vagues qui secouent le bateau et il ne tardera pas à rendre malades la plupart d’entre nous, gâchant un petit peu en final cette excursion.
25 septembre :
Nous quittons la péninsule en faisant une halte au centre d'informations.
Cet immeuble abrite un squelette de baleine et informe sur la vie de la péninsule au temps passé.
Nous en apprenons un peu plus sur ces micro-organismes qui se logent dans les callosités des cétacés.
Nous garderons un très beau souvenir de ce séjour à Valdés malgré l'afflux touristique à cette période de l'année.
Prochaine étape : route vers le sud..... Ushuaia