
26 octobre :
Nous quittons Ushuaia avec la tête remplie de souvenirs. Quelque chose nous dit que nous n’allons pas quitter cette région…Alors que nous discutons via Whatsapp avec des amis (Isabelle et Francis http://www.soifdebougeotte.com/), qui voyagent en ce moment en Bolivie, ils nous recommandent de visiter la ‘Ruta J’ avant de quitter la région.
La ‘Ruta J’ est une piste tout à fait praticable selon eux située à quelques kilomètres de la sortie d’Ushuaia qui longe le canal de Beagle dans la direction de l’estancia Haberton.

Nous ne sommes pas pris par le temps et décidons de suivre ce conseil. Nous arrivons devant un poste de police à qui nous présentons nos papiers du véhicule et nous voici partis à la découverte d’une région du monde encore plus retirée.
Nous roulons sur cette piste qui n’est effectivement pas si mauvaise pendant près d'une petite heure et après avoir traversé des bois et des lagunes, nous arrivons devant le canal de Beagle avec un aperçu plus sauvage que le parc national de ‘Tierra del fuego’ visité auparavant.
Nous abandonnons le camping-car pour mieux aller observer les alentours. Nous arrivons à une lagune dans laquelle des squelettes d’arbres torsadés par le temps restent encore debout.
La poursuite de la piste nous amène à Puerto Almanza, un tout petit ‘pueblo’ (village) d’environ 150 habitants..
L’activité principale repose sur la pêche d’araignée de mer notamment. Alors que nous traversons le hameau, la tablette retentit et annonce la réception de mails, il y a un wifi ‘ouvert’, ce qui est surprenant quand on voit la taille et l’isolement du village, loin de tout dans ces montagnes de la fin du monde.
Nous passons devant une maison sur laquelle est inscrite ‘prefectura’, cette construction est occupée par la police maritime qui assure une surveillance des côtes. De chaque côté plusieurs canons, vestiges de l’histoire, pointent le nez sur l’autre versant du canal de Beagle.

A peine à 10 kms de distance par mer, se trouve le Chili et Puerto Williams, le vrai village du bout du monde et derrière lui, les îles du cap Horn.
Le militaire nous conseille un endroit où stationner pour la nuit et nous demande si nous avons besoin de quelque chose.
Nous trouvons un terrain plat à côté d’une rivière qui se jette dans le canal. Devant nous des oies, des ibis observent curieusement notre présence mais finalement continuent à se nourrir de la fine herbe qui pousse au bord du canal de Beagle.
27 octobre :
Nous laissons kokopelli sur l’unique placette et partons découvrir ce petit village bien agréable fait de cabanes de pêcheurs. Les murs sont pour la plupart faits de matériaux de récupération, de tôle ondulée ou de palettes.


Nous reprenons ensuite la route en direction de l’estancia Haberton, une piste qui s’étend le long du canal de Beagle plus bas qu’Ushuaia.
L’Estancia fut fondée en 1886 par Thomas Bridges, un pasteur anglican qui consacra toute sa vie à la protection des populations locales. Aujourd’hui, cette estancia est gérée par un descendant et s’oriente plus sur le tourisme.
Nous laissons de côté la visite de cette demeure pour continuer la piste et s’aventurer encore plus loin, Kokopelli semble bien apprécier la piste.
Nous traversons des forêts de marécages, de vastes étendues de tourbe peuplées d’oiseaux migrateurs. La côte déchirée offre des paysages absolument magnifiques sur le canal de Beagle. La nature devant nous offre un spectacle immense.

L’orientation des arbres montre à quel point le vent peut être ‘puissant’ dans cette région. Exposés au vent austral les arbres s’adaptent aux conditions climatiques et poussent inclinés.
Le vrai 'bout du monde' est là et pas à Ushuaia.
A une trentaine de kilomètres de piste, nous profitons d’un renfoncement de route pour mettre kokopelli à l’abri du vent et passer la nuit au milieu de nulle part.
Nous faisons un barbecue lorsque Sylvie entend un ‘craquement’ venant de la forêt derrière nous. Serait-ce un animal attiré par notre présence ou par les saucisses que nous sommes en train de cuire ? Une ombre se dessine entre les arbres mais il est difficile de savoir de quel animal il s’agit ? Nous sommes debout et fixant ce point obscur, curieux et un peu inquiets…
Tout à coup nous voyons apparaitre 3 vaches qui toutes aussi surprises que nous s’empressent de poursuivre le chemin.

Rassurés nous continuons à cuire notre repas mais pas pour très longtemps.
Dans une manœuvre inexpliquée, alors que je tiens la grille barbecue voilà que les saucisses glissent et tombent dans la braise du feu…..
Tant pis ...et je redouble d’attention pour la cuisson de la deuxième fournée de saucisses…
La nuit arrive tard, près de 22:00, c'est agréable d'aller vers les beaux jours. Malgré son emplacement à l’abri, kokopelli se dandine par moments sous de fortes rafales de vent. Nous trouvons quand même le sommeil dans ce lieu reculé.
28 octobre :
Notre point le plus austral atteint en Amérique du Sud s’arrêtera ici au point :
54°53’33.47’’S, 67°09’20.85’’W
Nous allons devoir quitter ces paysages magnifiques gravés à jamais pour commencer à entamer notre poursuite du périple vers le nord. Cela fait quelque chose au cœur de partir,, un sentiment de bonheur certes d’être venus jusqu’ici mais le départ – comme tout départ – est parfois synonyme de tristesse…
Un dernier regard sur le canal de Beagle, sur ces nombreuses petites îles, à ces sommets encore enneigés, à tous ces oiseaux migrateurs, ces petites fleurs qui annoncent le printemps, un dernier moment d’émotion puis nous démarrons kokopelli et il nous faut y aller….
Nous reprenons la piste de ripio sur 60 kms pour rejoindre la ‘Ruta 3’ en passant près de l'estancia Haberton.

Notre prochaine importante étape va être Rio Grande. Nous souhaitons faire une bonne révision de kokopelli qui s’est très bien comporté jusqu’ici et qui a droit à une vidange bien méritée avec changement des différents filtres. Le changement du filtre à air est plus qu’un impératif pour avoir traversé des pistes très poussiéreuses.
29 octobre :
Nous remontons la province de Terre de feu et traversons d'immenses prairies, territoire des guanacos et nous voici à Rio Grande.
Nous stoppons à un concessionnaire Fiat et c’est dans de pareilles situations que nous aimerions savoir parler l’espagnol. Comment expliquer que nous avons emmené depuis la France les filtres de rechange ‘air – huile – gasoil’ et que nous cherchons à faire faire la vidange et changement de ces pièces.
Francisco le responsable d'atelier nous accueille et prend un réel plaisir à s’occuper de nous. Il nous chiffre le changement d’huile et la main d’œuvre incluant le changement des pièces que nous disposons. Nous calculons l’équivalent en euros et cela ne nous semble pas ‘excessif’.
Peut-être le reste du métier pratiqué durant près de 40 ans et avec çà un reste aussi de déformation professionnelle, je souhaite en savoir plus sur les caractéristiques de l’huile comme le grade et les spécifications. Francisco s’absente pour revenir un instant après avec la fiche technique de l’huile. C’est parfait, nous allons confier kokopelli entre leurs mains.
Pendant ce temps, nous sommes invités à passer à la salle d’accueil où un bon café nous est servi.
Nous retournons ensuite suivre l’intervention sur le véhicule. Le mécanicien en profite pour vérifier le dessous de kokopelli et vérifier le niveau d’usure des plaquettes de freins. Tout va bien….
A la fin des opérations, il connecte la 'valise' au véhicule et analyse tous les paramètres.
Je me penche vers les mécanicien et lui dis 'todo bien doctor'. Il me répond 'perfecto'.
Adrian le responsable de la concession nous remet sa carte de visite avec son numéro Whatsapp et nous invite à l’appeler quelque soit le problème rencontré avec le véhicule et quelque soit le pays traversé.
Kokopelli est à présent révisé et prêt pour affronter la suite du périple. D’une photo souvenir nous immortalisons notre passage dans cette concession où nous avons été chouchouté…vraiment une bonne équipe !
30 octobre :
Nous passons à une lavanderia avant de quitter Rio Grande. Nous ne faisons pas de courses car nous allons rejoindre le Chili où comme lors de l’entrée arrivée en Terre de Feu, les règles douanières sont strictes, pas de viande, pas de légumes, pas de denrées susceptibles de germer.

Nous voici à San Sebastian, poste frontière Argentine-Chili. Bing-Bing, 2 tampons de sortie côté Argentin, nous passons ensuite au poste Chilien pour nous et pour l’importation temporaire du véhicule.
Nous remplissons la fiche sur les produits transportés.
Une personne demande à monter dans le véhicule, je l'invite à retirer ses chaussures toutes
poussiéreuses expliquant que c'est 'notre' maison ....le véhicule est visité et la personne repart avec du jambon cru et un oignon... Ces contrôles sont un peu n'importe quoi, la fouille est superficielle et à l'humeur de la personne. Mais il ne faut pas se plaindre et laisser les choses se faire, d'autres camping-caristes ont dû tout vider leur véhicule à certains postes frontières.
Nous arrivons à Cerro Sombrero où nous faisons étape et retrouvons Christiano et Wiviana (mundonossoquintal.com.br) une jeune couple de Brésiliens que nous avons rencontré en descendant pour Ushuaia. Avant de poursuivre en direction de Punta Arenas, nous souhaitons aller visiter un parc Pali Aike.
Prochaine étape : Parque nacional Pali Aike.