
02 novembre :
Après une bonne nuit de sommeil récupérateur, nous partons pour Punta Arenas.
En route, nous nous arrêtons à une estancia, l’estancia San Gregorio fondée en 1876, aujourd’hui abandonnée. Quelques maisons comme la ‘Herreria’ (la forgerie), la maison ‘Proveerduria – Oficina’ (magasin général) faites de tôles témoignent encore de la vie de cette estancia classée monument historique en 1974. En bordure de plage se trouvent 2 épaves de bâteau….
L’Amadeo, un bateau à vapeur long de 36 m et de 6 m de haut mis à l’eau en 1893 échoué ici sur la rive nord du détroit de Magellan en 1932.
L’Ambassadeur, construit à Londres et ensuite abandonné au Chili. Arrivé à Punta Arenas en 1899, il servit encore 40 années.
Nous reprenons la route pour Punta Arenas. Notre premier objectif est de passer à une banque pour retirer de l’argent et pas n'importe laquelle. En France nous sommes à la BNP qui est en alliance avec la ScotiaBank représentée dans de nombreux pays du continent américain. En clair, retirer de l’argent à un distributeur d’une Scotiabank revient à retirer de l’argent comme à un distributeur en France donc ‘sans frais’.

Nous parquons le camping-car et nous marchons en direction de cette banque située au centre ville. Nous arrivons devant l’agence et ‘bingoooo’, nous découvrons à l’intérieur qu’elle est occupée par des plâtriers, des électriciens qui vont dans tous les sens, pas de distributeur ATM et son emplacement est matérialisé par une simple niche vide faite de placoplâtre.
L’agent de sécurité nous informe que l’agence est en cours de rénovation et que les services de caisse seront ouverts lundi prochain.
Mais bon rien n’est perdu, la ville possède une ‘zona franca’ et dispose d’une aire regroupant des magasins avec des produits d’importation à ‘détaxé’ !. cela reste à vérifier … L’agent de sécurité nous informe qu’il est possible d’effectuer du change dans une des galeries de cette zone franche.
Nous voici repartis et nous arrivons dans une sorte de grand centre commercial avec tout autour de nous des gros cubes de magasins, de panneaux publicitaires. Cela fait tout drôle car depuis quelques mois nous n’avions pas croisé un pareil décor. Nous retirons finalement des pesos chiliens contents du taux pratiqué.
Passé ce premier objectif, nous nous empressons d’aller dans un centre commercial pour ‘remplir’ un caddy, remplir le frigo du camping-car et bien sur remplir notre estomac ! Nous faisons le plein de produits laitiers, de viande, de légumes, bref tout ce qui ne pouvait pas passer en arrivant à la frontière Chilienne. Au passage nous remarquons que beaucoup de produits viennent d’Argentine ce qui nous confirme que c’est bien ‘du foutage de g….’ !
Pour compléter notre gourmandise, nous craquons sur des gâteaux et friandises qui ne resteront pas longtemps entiers….

Nous faisons bivouac dans un quartier calme proche de la mer sans être trop près ! Un panneau pour le moins inquiétant nous informe que nous nous trouvons dans une zone de ‘Tsunami’. Un peu plus loin nous voyons aussi des panneaux ‘point de rassemblement’ suite à un éventuel tsunami.’ Allez, on recule d’une rue puis d’une autre plus à l’intérieur….
03 novembre :
Après une nuit très calme et sans soucis, nous partons à la visite de la ville Les guides touristiques indiquent que c’est une ville sans ‘grand intérêt’ à l’exception des départs pour les grands fjords chiliens mais très vite on s’y sent bien.
Nous commençons par longer la ‘costerana Pedro Montt’, la corniche qui nous amène au centre ville. En route nous rencontrons un groupe de cormorans impériaux regroupés sur des pics de bois. Dommage que le soleil ne soit pas de la partie.
Au cours de cette agréable balade nous passons devant d’anciennes demeures aux murs richement décorés, plus loin c’est une école avec sa façade très colorée.
Nous traversons un terrain arboré où se dresse la statue de Ferdinand de Magellan, premier européen à explorer la région.
Nous arrivons à l’office du tourisme et prenons des informations sur la route qui va plus au sud de Puerto Arenas. On apprend que la route cesse à un moment donné et qu’après une randonnée, on arrive à un phare, le phare ‘San Isidro’.
C’est décidé, nous allons partir dans cette région occupée jadis par les pionniers débarqués ici.
04 novembre :
Voyager en camping-car demande un contrôle de gestion permanente des réserves depuis la réserve d’eau, réserve de gaz, réserve de nourriture et pour finir réserve de carburant.
Pour cette ‘escapade’ au sud’ de Punta Arenas, nous nous assurons donc de partir avec le plein de tout. Nous effectuons une soixantaine de kms.
La route longe la côte, faite d'asphalte elle devient vite une piste. Nous traversons de petits ports où des bateaux sont sur cale pour réparation.
Les habitations sont faites de tôle, de palettes de tout ce qui peut servir pour abriter la maison du vent d’ici... Nous croisons aussi beaucoup d’épaves de bateaux tout au long du détroit de Magellan.
Nous nous arrêtons un moment pour admirer le paysage et apercevons des cormorans qui profitent du soleil pour sécher.

Nous arrivons sur une large pâture de pique-nique où des locaux viennent profiter du dimanche pour faire une sortie. Cela sent encore bon le barbecue et la fumée de feu de bois.
Bientôt tout ce petit monde va partir et nous voici seul pour la nuit qui approche avec pour voisins quelques chevaux, vaches et oiseaux migrateurs.
05 novembre :
Il fait frais ce matin, tantôt il y a du soleil et tantôt le ciel se couvre de nuages donnant même quelques flocons de neige, une neige de printemps qui ne tient pas . Nous avons une fois de plus la confirmation que les quatre saisons peuvent se produire en l’espace d’une journée dans cette partie du monde.
C’est donc bien couverts que nous partons visiter les alentours. Nous rencontrons deux gauchos et nous demandons s’il est possible de traverser leur propriété passer afin de marcher le long de la plage. Nous échangeons quelques mots notamment sur une vieille locomotive-tracteur qui reste figée là dans ce décor austral.
Il souffle un vent très fort mais nous continuons d’avancer tant les paysages nous plaisent. Les vastes étendues d’arbres morts, véritables sculptures tu temps, témoins de l’excès d’humidité ont laissé place à un sol de tourbe sur lequel repose de gros tronc blanchis.

Nous continuons de longer le bord du détroit de Magellan et nous trouvons au milieu de la pâture un œuf d’oie. Un peu plus loin des 'vanneaux téro' - que nous avons surnommés des 'gendarmes' nous chasseront de leur périmètre et pour cause nous passons à côté de leur récente ponte.
Nous regagnons kokopelli et faisons un barbecue en prenant soin ‘ce coup-ci’ de ne pas tout faire tomber dans la braise.

L’après-midi nous reprenons la route jusqu’au terminus, la fin de la route du continent américain, prêt pour faire la randonnée jusqu’au phare. Alors que nous faisons une partie de scrabble, Sylvie aperçoit 3 dauphins noir et blanc, les dauphins de Commerson.
Nous allons dormir seuls dans ce lieu reculé, là où la route du continent Américain prend fin.
06 novembre :
Ce matin, il fait un ciel variable et nous partons faire une randonnée menant jusqu'au phare 'San Isidro'. Nous sourions un petit peu car sur la terre de feu l'Argentine se vante d'avoir le point le plus Austral avec la ville d'Ushuaia. De son côté le Chili annonce que c'est lui qui possède le point le plus austral avec le village de Puerto Williams.
Et à présent pour mieux matérialiser le point le plus austral, le Chili se défend en disant que Ushuaia comme Puerto Williams se situent sur une île 'la Tierra del Fuego' et que Le phare Isidro affiche la fin de la route du continent américain avec ce 'fin de camino'.
Nous ne sommes pas là pour débattre sur le sujet mais pour profiter de cette nature encore intacte.
La randonnée débute par un sentier et nous nous réjouissons de voir qu'il n'y a pas de difficulté particulière..... Cela ne va pas duré, les 6 kms restants sont à faire en bordure du littoral dans un sol fait de galets.
Après une bonne heure de marche nous arrivons 'enfin' devant le phare San Isidro.
Ce phare fut construit par un entrepreneur chilien en 1904. Il se trouve sur une partie de la côte proche de Puerto del Hambre (Port Famine) en raison des premiers colons espagnols venus s'installer ici au XVIe siècle. Avec une terre inexploitable et le climat rude, La plupart d’entre eux sont morts de faim et de froid.

Après ce moment de pur bonheur, nous 'signons' notre passage par quelques galets empilés, ravis d'avoir été aussi loin, nous regagnons le camping-car....
Prochaine étape : Torres Del Paine.