Torres Del Paine
- Jo et Sylvie
- 14 nov. 2018
- 9 min de lecture

08 novembre :
Le Sud de l’Amérique qu’il soit Chilien comme Argentin se referme dans le souvenir du périple, nous tournons la page et place à présent pour nous de remonter le continent américain…
Nous quittons Punta Arenas en direction de Torres Del Paine.
Créé en 1959, Torres Del Paine est considéré comme l’un des plus beaux parcs au monde. Nous ne pouvions pas écarter cette visite.
Avec ses 182000 ha il est classé ‘Réserve de la Biosphère par l’Unesco en 1978. La plupart des massifs sont faits de granites avec des arêtes aigues, pointées vers le ciel. Le parc possède des dizaines de lacs, des lagunes, des torrents, des cascades et de nombreux glaciers. C’est le lieu de rendez-vous d’alpinistes confirmés, certaines randonnées peuvent s’étaler sur 15 jours avec des haltes en refuge. Nous n’en ferons pas tant mais comptons bien découvrir de nombreux sentiers de randonnée.
En route depuis Punta Arenas, nous faisons étape d’abord à Puerto Natales pour faire le plein de provisions car nous envisageons de séjourner dans le parc plusieurs jours. Nous rencontrons 'Les Pau'z'ailleurs', une connaissance de France qui voyage aussi en camping-car sur le continent américain. Quelques échanges d’info bien sympathiques et nous convenons de se revoir plus loin sans doute dans le parc.
Nous parcourons ensuite une centaine de kilomètres et marquons des arrêts à des points d’observation qui nous offrent déjà un aperçu de l’immensité du parc avec ses monts enneigés qui se dessinent à l’horizon.
Le route devient une piste et c’est un vrai calvaire que de croiser un véhicule venant dans le sens opposé. C’est chaque fois de la poussière qui couvre kokopelli nous obligeant à ralentir le temps que ce nuage se dissipe. De plus croiser un véhicule est toujours un risque de recevoir un gravillon sur le pare-brise. Cela doit se produire plus d’une fois car nous apercevons des débris de parebrise abandonnés en bordure de route. Bon croisons les doigts….
Après une heure de piste que nous qualifions de ‘passage’, nous arrivons à une des entrées du parc. Nous nous adressons au bureau des rangers et nous avons la chance de tomber sur une fille française. Caroline qui travaille ici et qui nous présente le parc avec des indications sur les visites à faire, sur les endroits autorisés afin de stationner kokopelli le soir et en fin nous mettre en garde sur quelques règles de sécurité.
Ces règles concernent l’utilisation de feu de bois qui est strictement interdit dans le parc, une autre règle concerne la conduite à tenir en cas de rencontre avec un puma et pour finir la question relative à nos déchets que nous devons emmener avec nous.
Nous réglons notre ticket d’entrée qui est 3 fois plus cher que les locaux et partons avec une carte détaillée pour notre premier point à visiter situé à l’extrémité du parc soit 50 kms plus loin : le Lago Grey.

Nous roulons sur une piste qui relève d’un ‘Paris-Dakar’ en traversant des décors presque irréels sous un ciel bleu azur. Nous arrivons enfin à la station de rangers du Lago Grey. Au passage Sylvie aperçoit une sorte de ‘blanc-bleu’ entre 2 arbres d’une forêt. Nous nous arrêtons, effectuons une marche arrière pour mieux observer et mais oui…… nous voici proches d'icebergs détachés du glacier Grey situé 14 kms plus haut sur le lac.
Il est un peu tard pour aller contempler de plus près le paysage et cette piste nous a ‘épuisé’. Nous préférons remettre à demain….
09 novembre :
Nous sommes stationnés dans un couloir d’un ancien fjord et ce vent a balancé kokopelli une bonne partie de la nuit. Mais nous nous remettons vite de cette mauvaise nuit et comptons bien profiter de notre première visite.

Chaudement habillés et avec une bonne couche de crème protectrice, nous partons à la découverte d’une ‘plage’ en bordure du Lago Grey. Nous emmenons avec nous bâtons de marche et quelques barres de céréales et partons en direction du mirador ‘Lago Grey’.
Au fur et à mesure que nous approchons du bord du lac qui effectivement est de couleur grise, nous apercevons de gros blocs d’icebergs qui se sont détachés du glacier pour s’approcher du rivage.
Les couleurs sont magiques et le ciel gris du moment donne encore plus de relief sur les tons qui passent du blanc au bleu de ces gros blocs de glace dont les 7/8 sont immergés dans l’eau.

14 kms plus loin nous apercevons le ‘glaciar Grey’ qui totalise 240 km² mais qui perd malheureusement 5 à 10 mètres par an…… Les monts totalement blancs des sommets couvrent une dizaine d’autres glaciers.

Nous suivons le sentier de randonnée et chaque tournant offre un décor différent du paysage. Sous l’influence de la température du jour qui augmente, des icebergs se disloquent et dans un craquement sourd, des parties se séparent.
Nous retournons à kokopelli pour le déjeuner avant de poursuivre la visite dans un autre coin du parc.
Caroline, la jeune française rencontrée à notre entrée au parc nous avait suggéré une petite randonnée à priori sympathique ne figurant pas sur la carte, une ‘balade’ faite par les rangers à l’occasion de leur temps libre. Nous garons kokopelli au milieu d’anciens bâtiments d’une ancienne estancia d’élevages de moutons, à deux pas d’un très joli lac et partons faire cette randonnée.
Le sentier monte rapidement et après beaucoup d’efforts nous arrivons à un point qui domine lacs et montagnes enneigés. Nous savourons le calme regrettant cependant l’absence d’animaux hormis quelques ibis….

Sur le chemin du retour, nous croisons nos amis 'Les Pau'z'ailleurs' qui sont à la recherche d’un emplacement pour la nuit. Nous leur indiquons notre point de bivouac.
Nous échangeons sur les prochaines randonnées du parc et convenons de faire les deux suivantes ensemble.
10 novembre :
Le temps de remettre en service nos rotules après la randonnée du jour précédent, nous roulons une dizaine de kms jusqu’au point de départ de notre prochaine randonnée : Mirador Condor.
C’est une randonnée de 45 mn qui comme son nom l’indique permet de croiser des condors qui nichent sur les hauteurs mais en complément d’offrir une vue immense sur les sommets du Torres Del Paine.

En plus le soleil est au rendez-vous ce matin et il ne fait absolument aucun vent. Toutes les conditions sont réunies pour cette balade.

De retour au camping-car, nous quittons nos amis et nous partons pour un autre point de départ de randonnée : Mirador Cuernos.
Mirador Cuernos totalise une heure. Cela nous convient car nous voulons nous ménager pour mieux affronter celle de demain.
La balade est très agréable et commence par l’approche d’une grande cascade ‘Salto Grande’. Un panneau indique que le débit équivaut à 100 m3 à la seconde. Cela nous rappelle les chutes d’Iguaçu en modèle ‘miniature’.
Nous poursuivons notre balade sur un sentier qui traverse des prairies où des fleurs témoignent du printemps qui s’installe ici. Nous croisons quelques guanacos qui ne semblent pas farouches à l’approche des visiteurs.
La vue donne sur d’immenses lacs tous aussi beaux l’un de l’autre. Nous profitons d’une ‘plage’ en bordure d’un lac pour se reposer un instant et contempler le paysage.
Nous reprenons notre balade et le sentier commence par décrire des lacets et se corse un petit peu. Nous avions prévu de ne pas ‘forcer’ aujourd’hui mais la curiosité du point final nous pousse à aller jusqu’au bout du point d’observation. Nous continuons à marcher et nous n’avons pas regretté, nous arrivons devant un belvédère avec face à nous des glaciers.

Alors que nous savourons le paysage, il arrive que des blocs de neige se détachent et viennent se fracasser sur les roches de la montagne donnant un nuage de neige.
Nous retournons à kokopelli les yeux emplis de ces paysages. Vraiment nous ne regrettons pas notre visite dans le parc. Nous empruntons une piste sur une longueur de 20 kms pour arriver sur un parking où nous allons bivouaquer afin de se préparer pour ‘LA’ randonnée du parc prévue le lendemain.
Nous retrouvons aussi nos amis les 'Les Pau'z'ailleurs' mais aussi nos amis Brésiliens croisés auparavant. Nous échangeons sur la randonnée qui nous attend et décidons de la faire tous ensemble. Le départ est prévu pour 7 :30.
11 novembre :
Personne manque à l’appel, il est 7 :30. Nous roulons quelques kilomètres pour aller stationner sur le parking, point de départ de la randonnée.
C’est une randonnée qui totalise 23 kms avec 1000 mètres de dénivelé aller-retour permettant d’atteindre le ‘Mirador Base Las Torres’, le mirador de base des tours de granit du parc. Celles-ci se sont formées par un soulèvement magmatique il y a 12 millions d’années.
Nous immortalisons cette journée par une photo de ‘famille’ entre français et brésiliens. La différence de langage n’est pas un obstacle, nous discutons en anglais, l’ambiance est très bonne et partons tous d’un pas bien décidé pour quatre heures de marche et arriver jusqu’au point de base des tours.
Chacun est en forme et la randonnée débute par un sentier qui traverse une prairie. Nous franchissons deux ponts de fortune où il est indiqué de passer qu’à 2 personnes à la fois.
L’enthousiasme du départ est vite oubliée, le sentier décrit des lacets et grimpe une première colline, puis une autre et encore une autre.
La difficulté se fait de plus en plus marquée et nous avons parfois de la peine à choisir où planter nos bâtons, allons-nous prendre à droite ou allons-nous prendre à gauche, est-ce plus facile à droite ou est-ce plus facile à gauche. Le cerveau ne réfléchit plus, l’ascension est de toute façon ‘critique’ des deux côtés. Alors nous avons tel un troupeau de mouton sans plus chercher la meilleure voie.

Nous arrivons finalement à un premier point où nous nous reposons un peu et sortons des sacs, biscuits, barres de céréales, fruits secs pour reprendre nos forces pour la suite de la randonnée. Nous relevons nos yeux et fixons les 3 tours qui se dressent, elles semblent si proches mais il nous reste encore 10 kms à faire pour les atteindre et le pire reste à venir selon des habitués qui en redescendent.

Nous repartons et traversons une forêt, nous empruntons des petits ponts de bois pour franchir des ruisseaux, le chemin monte puis descend mais pas de manière à se plaindre.
Nous dirons même que ce sentier en pleine forêt est agréable et nous donne de la force pour la suite…

Mais non, nous arrivons devant des éboulis de grosses pierres bloquées l’une sur l’autre et le sentier montre un vide dessous nous, l’équipe se détache et chacun monte à son rythme.
Sylvie commence à ralentir sa cadence, je la suis de très près derrière, ses pas sont de plus en plus hésitants. Nous sommes à 5 minutes de marche soit moins de 100 mètres avant le point final et c’est le clash, prise de peur avec le vertige du dessous elle panique et n’avance plus. Une première tentative de raisonnement pour la persuader de se reposer et de poursuivre le peu de distance encore à faire, mais non même si son souhait est de voir le décor tant attendu, une partie de son corps est là pour la bloquer.
Des français qui sont sur le point de descendre se proposent de rester à côté d’elle le temps que je puisse terminer l’ascension et me rendre compte du résultat de l’effort. Je les remercie préférant rester aux côtés de Sylvie.
Cédric 'Les Pau'z'ailleurs' est revenu et tente de raisonner Sylvie insistant sur le peu de distance à parcourir mais rien à faire. Elle reprend un peu de sa forme mais n’ira pas plus haut.
Ce n'est pas grave, ce qui compte, ce n'est pas d'atteindre le but mais d'avoir essayé d'y arriver.
Je la laisse un instant le temps d’aller voir quand même le paysage depuis le ‘Mirador Base Las Torres’.

Le spectacle est grandiose, presque irréel, 3 pics de granit géants pointent vers le ciel. La neige occupe très largement les creux qui sont à l’ombre. Les montagnes forment une cuve emplie d’eau turquoise sur laquelle flottent des plaques de glace.

Je m’empresse de faire quelques photos, de saluer nos amis pour rejoindre Sylvie. Nous redescendons lentement et ferons une bonne pause près d’une rivière.
Nous arriverons enfin au camping-car après 8 :30 de marche et 23 kms parcourus. Autant dire que la nuit aura été méritée.
12 novembre :
Aujourd’hui, c’est journée repos, la grande marche de la veille se fait sentir pas des douleurs aux jambes et au niveau des reins. Nous fonctionnons tous au ralenti….
Mais cette journée va connaître quand même des occupations, nos vêtements de randonnée sont très poussiéreux et méritent un bon lavage.
La journée est belle et c’est l’occasion de passer aussi chez le coiffeur. Nos voisins du 'woodstock' en feront autant. Notre ami brésilien attiré par ma coiffeuse attitrée acceptera de se faire couper les cheveux. Mais parfois, cela ne se passe pas comme il faut, une erreur de réglages et voilà que notre ami brésilien se retrouve avec une ligne ‘rasée’. Bon, cela fera des souvenirs mais il va falloir rattraper tout çà….
Voilà 4 jours que nous sommes dans le parc, nous avons effectué de bons circuits de randonnée et réfléchissons à quitter cet endroit pour poursuivre notre périple…
Prochaine étape : Calafate avec le Perito Moreno.
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