Perito Moreno
- Jo et Sylvie
- 23 nov. 2018
- 9 min de lecture

13 novembre :

Moment de départ pour nos amis brésiliens que nous retrouverons sans doute un peu plus loin dans le périple et arrivée de nouveaux français Sarah et Julien.
C’est toujours un moment agréable d’échanger sur les coins à visiter et ceux parcourus sans oublier que ces réunions se font autour d’un sympathique apéro.
Après l'intendance du camping-car, nous quittons le parc national Torres Del Paine avec beaucoup de souvenirs et reprenons la piste jusqu’à la frontière Chili-Argentine.
Il nous arrive souvent de lancer un regard dans le rétroviseur et se dire : ‘on voit encore les tours’, comme si ces sommets majestueux du parc ne voulaient pas qu’on parte…
En route, nous nous arrêtons fréquemment, histoire de faire quelques dernières photos, comme si nous en avions faites aucune, ces derniers jours. Nous nous arrêtons aussi devant un troupeau de guanacos qui ‘posent’ devant une lagune. En chemin, nous croisons deux gauchos à cheval qui 'semblent' nous accompagner jusqu’à la sortie du parc. Nous laissons tour ce décor et tout ce monde naturel et arrivons après beaucoup de concentration sur unemauvaise piste menant au poste frontière.

Côté Chilien, tout se passe très vite, ‘bing-bing’, deux tampons de sortie et le douanier ouvre la barrière….Quelques kilomètres plus loin nous arrivons au poste frontière Argentin. Bing-bing, deux autres tampons viennent s’ajouter aux pages de nos passeports qui commencent à bien être chargées. Il nous est remis le document d’importation temporaire et nous avons le feu vert pour entrer en Argentine.
Nous regagnons kokopelli lorsque nous apercevons un gendarme de douane tourner autour du véhicule. Il commence par nous demander si nous avons des fruits et des légumes et de la viande. Bref il nous sort le même ‘topo’ pratiqué par le pays voisin qui est le Chili.
Bien sur que nous avons fruits, légumes et viande mais il est écrit nulle part que ces produits sont interdits en importation comme le lui fait remarquer Sylvie tandis qu’au Chili, c'est bien affiché....
Le gendarme insiste pour entrer dans le véhicule et je lui demande poliment de retirer ses chaussures. Je le vois hésitant et c’est vrai car commencer à défaire des lacets qui passent dans une quinzaine de trous de chaussures montante de l’armée peut paraître embarrassant. Mais cela a au moins le mérite de ‘freiner’ sa visite…. Il y a un bus derrière et deux autres voitures qui attendent pour passer.
Nous plaçons quand même un tapis histoire qu’il puisse monter à bord limitant son champ de visite à l'étendue du tapis. Il pose sa main sur la porte du frigo pour l’ouvrir et là je l’arrête en disant que ‘c’est mon frigo’ et que c’est à moi de l’ouvrir s’il souhaite voir l’intérieur. Il demande si nous avons du lait, de la charcuterie, je réponds non car nous remarquons finalement que sa ‘fouille’ est plus une fouille de ‘curiosité’ du camping-car que de contrôle des denrées.
Il nous laisse partir avec tous nos produits et nous voici à présent en Argentine….
15 novembre :
Après un bon lavage de kokopelli au bord d’une rivière, nous arrivons à El Calafate en fin d’après-midi.

Cette ville de la province de Santa Cruz de 6000 habitants apparait comme une ville très touristique à en croire le nombre d’hôtels et de restaurants rencontrés au fur et à mesure qu’on avance à l’intérieur et pour cause, cette bourgade est la porte d’entrée du Parque Nacional Los Glaciares (Parc National des Glaciers).
La plupart des agences de voyages organisent des packs excursions allant d’un à plusieurs jours pour visiter les glaciers environnants, les parcs nationaux voisins mais surtout la visite du célèbre glacier ‘Perito Moreno’ situé à une centaine de kilomètres.
El Calafate possède aussi un musée très intéressant, le musée Glaciarium, situé en dehors de la ville, centre d'information sur les glaciers. Une galerie présente les hommes qui ont consacré leur vie à l’étude et la protection de ces glaciers comme le naturaliste et explorateur Francisco Moreno. Une salle de cinéma projette une vidéo sur la naissance de la Cordillère des Andes et la formation des glaciers.
Une autre salle présente la conséquence du réchauffement de la planète comme témoigne la séparation d’un énorme bloc de glace du glacier Perito Moreno effondrée en 2016.
Ce glacier n’est pas le seul glacier dans le Parc Los Glaciares. D’autres aussi majestueux et imposants par leurs tailles ne sont accessibles qu’en bateau.
Une agence de voyages propose une excursion permettant d’approcher les glaciers Upsala et Spegazzini. Captant du wifi libre dans la ville, j’interroge la météo pour le lendemain, peu de vent annoncé et pas de pluie, c’est le moment d’y aller, les places sont réservées…
16 novembre :

Depuis Puerto Punta Banderas nous embarquons à bord d’un catamaran de la compagnie ‘Solo Pantagonia’ à 8.30 après avoir réglé le droit d’entrée au parc national de 600 pesos chacun.
Ce forfait est valable une journée dans tout le Parque Nacional Los Glaciares.
Le bateau démarre à 9.00 et remonte à vive allure en direction des bras de fjords du Lago Argentino. Nous avons de la chance car les commentaires sont donnés en espagnol bien sur mais aussi en anglais et en français.
Nous apprenons que nous traversons des montagnes très anciennes qui datent de la formation des Andes, il y a 12 milliards d’années. Les parois sont érodées, lisses et striées par le frottement des glaciers qui occupaient jadis ces lieux.
Nous apprenons aussi que la couleur de l’eau laiteuse qui varie d’un vert-gris à un turquoise est due aux sédiments en suspension provenant de l’érosion du lit du glacier.
Peu à peu le bateau croise certains icebergs qui dérivent sur l’eau. Le catamaran s’arrête un long moment devant un gros iceberg. Sa forme, sa couleur et sa taille laissent sans mots et on a du mal à imaginer que la partie immergée soit plus grande et plus large.
Le bateau arrive à une distance ‘réglementaire’ du glacier Upsala. Ce glacier occupe une surface de 800 km², il mesure 60 kms de long et 7 kms de large. L’observation se fait à une certaine distance, la chute de blocs de glaces pouvant provoquer de grandes vagues.
De plus les icebergs sont très nombreux dans cette zone et le bateau est un catamaran pas un bateau d’exploration.
Etape suivante, le bateau prend ensuite la direction du glacier Spegazzini en sinuant à l’intérieur d’autres fjords. Ce glacier est de taille plus petite que son voisin puisqu’il qui totalise 66 km² mais il possède quelque chose d’exceptionnel, son front glaciaire est le plus élevé du parc et la hauteur atteint 170 mètres par endroit.Le bateau s’arrête à quelques dizaines de mètres au pied de cette immense paroi glacée. Depuis le pont supérieur, la vue est impressionnante et donne une idée sur l’étendue du glacier en amont.

Le bateau reprend ensuite le chemin du retour. Il faudra 1H30 pour retourner au port…
Le billet d’entrée au parc national est valable une seule journée. Il est encore tôt et l’entrée du parc du glacier ‘Perito Moreno’ est sur la route, nous décidons de poursuivre notre visite pour aller le voir maintenant. Nous arrivons au parking, la taille de kokopelli lui vaudra d’être stationné sur le parking des bus.


Depuis le parking nous empruntons le ‘sendero costal’ (sentier côtier) et peu à peu apparait à nos yeux un gigantesque amas de glace long de plus de 30 kms de long, 5 kms de large avec une hauteur de paroi de 70 m. Nous sommes au ’Perito Moreno’, un glacier qui occupe 254 km².
C’est l’un des glaciers les plus dynamiques et les plus accessibles de la planète. Il progresse à raison de 2 mètres comme témoignent de fréquents craquements sourds aux frottements de parois ou encore les ruptures de blocs de glaces qui se détachent et chutent avec fracas dans la Lago Argentino.
Des passerelles aménagées conduisent à différentes plateformes métalliques de différents niveaux pour être aux premières loges de ce spectacle fascinant.
Le choix du bon angle de prise de vue pour photographier ce décor est difficile tant le glacier est immensément beau de tous les côtés.
La glace est comprimée sous l’effet du temps et de la pression et seule la lumière bleue peut s’infiltrer. Cela donne de véritables tableaux architecturaux.
Le temps devient couvert et l'heure ne nous permet pas d'apprécier la totalité du glacier Perito Moreno, nous rentrons à El Calafate et programmons une nouvelle visite un autre jour par beau temps afin de mieux apprécier cette 'omelette norvégienne' !
17 novembre :
Journée ‘farniente’ aujourd’hui à l’intérieur isolé au milieu de nulle part accessible après 30 kms de piste comme toujours bien poussiéreuse surtout au croisement d’un véhicule venant dans le sens contraire.
Le nettoyage de kokopelli réalisé il y a deux jours aura été de courte durée. Mais le détour valait le coup, les paysages sont toujours aussi magnifiques et en prime une vue ‘lointaine’ donnant sur le glacier ‘Perito Moreno’.
Un évènement aujourd’hui, hélas qui se termine mal. Une maman lapin vient tout juste de mettre au monde 4 bébés lapins, dont un est mort-né. A mon approche, les parents surpris de ma présence s’enfuient et abandonnent les trois bébés.

Je recule de quelques pas espérant qu’ils puissent revenir et emmener avec eux les nouveau-nés mais personne n’arrive.
Je m’approche d’eux, ils ont les poils encore tout humide, ils tremblent et cherchent à téter.
Ils essaient de mordiller la peau d’un autre pensant avoir trouvé leur maman.
Je les prends un par un pour leur donner des caresses, les sécher lentement et les abriter du
vent le revers de mon polaire, ils s’endorment et leurs palpitations encore fragiles deviennent plus calmes …
Je les filme, je les prends en photo sans chercher à m’attarder à optimiser le moindre réglage. Je souhaite qu’une chose, c’est reculer au plus vite espérant que les parents viennent les reprendre.

Je les repose dans la prairie m’éloignant mais personne se pointe…. Personne à l’exception d’un carancho, un rapace qui vient de se poser à la cime d’un arbre et qui a déjà repéré ces nouveau-nés inoffensifs.
Il attend le moment opportun pour les capturer. Je m’approche de l’arbre et lui lance des pierres pour le faire fuir.
D’un battement d’ailes il prend son envol vol et plane jusqu’à se poser sur la branche d’un autre arbre. Je me retire assez loin espérant voir les parents arriver.

Un instant plus tard le carancho apparait et vient se poser au sol à proximité de ces petits lapins… Je cours vers lui pour les chasser, poussant des cris et levant les bras pour les faire éloigner. Au passage, je ramasse des pierres pour tenter de l'atteindre. Dans la précipitation, je ramasse même une boule de bouse séchée pensant que c’était une pierre….
Le rapace prend son envol mais hélas entrainant avec lui un nouveau-né qui pousse des cris, emprisonné dans les griffes acérées du rapace.
Que vont devenir les deux autres…. Nous sommes en fin d’après-midi et sans protection, leur sort est bien triste et bien incertain surtout qu'un autre rapace est posé sur une branche d’arbre et guette dans l’attente d’avoir le champ libre pour capturer les deux bébés restants totalement impuissants à se défendre.
Je tente de le faire fuir et profitant de son absence temporaire je m’empresse de casser des branchages pour confectionner une sorte de tente de camouflage sur ces progénitures… Dire qu’ils sont à l’abri, l’avenir, leur avenir le dira…

Les montagnes qui entourent les Perito Moreno se couvrent de nuages de plus en plus denses et nous partons rejoindre El Calafate avant la pluie. La piste devient vite impraticable à certains endroits et anticiper le moment du départ est la meilleure chose à faire.
Peut-être que le rapace ne parviendra pas à les voir, je n’en sais rien, peut-être que les parents viendront dans la soirée pour les reprendre et les mettre à l’abri, je n’en sais rien. Je n’aurais peut-être fait que retarder leur fin de vie dans ce monde juste après quelques heures de leurs naissances …
Ainsi va la vie…
21 novembre :

Nous avons passé les journées précédentes à des petites réparations de kokopelli comme un verrou de porte arraché par la puissance du vent 'patagonien', révision des visseries de placards sous les vibrations des pistes, changement du filtre à air et passage à la soufflette en gomeria (garage à tout faire) pour chasser le poussière accumulée. Deux brillants artisans ont solutionné le problème du verrou en peu de temps.
Ensuite avec la météo maussade, nous avons passé du temps à la rédaction du blog, dépôt de linge en blanchisserie, étude du périple et coins à visiter prochainement, les 'comptes' bancaires et contact avec la famille.
Toutes ces petites occupations nous amènent à cette merveilleuse journée ensoleillée du 21 novembre. Nous partons voir le 'perito Moreno' et comptons bien profiter de le découvrir sur tous les angles.
La lumière donne des tons merveilleux et avec un bon relief. Il arrive d'assister fréquemment à des ruptures de parois qui se détachent du glacier. Le bruit est assourdissant.
En images il est difficile de constituer un album, quelque soit la passerelle empruntée, les vues sont différentes et tout aussi magnifiques.
Les tons bleus sont remarquables sous l'influence du soleil.
Emerveillés par ces paysages nous quittons le glacier pour rejoindre El Calafate afin de se préparer pour la suite du périple. Cette fin de journée nous permet de voir de magnifiques paysages sur la route du retour.
Prochaine étape : El Chalten - Parque Nationales Los Glaciares ( zona norte)
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