
29 novembre :
Nous quittons El Chalten et son merveilleux parc national que nous classons parmi nos favoris dans la liste de nos souvenirs pour son côté ‘nature’ préservé et ses décors absolument majestueux. Les pics se cachent sous l'épaisseur des nuages.

Nous longeons le Lago Viedma jusqu’à l’intersection avec la ‘ruta 40’ et prenons la direction du nord.
La route est très agréable et traverse des étendues de steppes tout en longeant la Cordillère des Andes. Peu à peu les paysages changent et des collines vallonnées apparaissent, nous traversons une zone d’anciens volcans comme témoignent de vastes coulées de laves refroidies. La ‘ruta 40’ se transforme en piste et nous voici partis pour 70 kms de piste.

La conduite devient éprouvante pour ne pas dire pénible et sommes obligés de réduire la vitesse à 40 zigzagant d’un côté à un autre de la route à la recherche de la meilleure conduite.
Dans le camping-car tout tremble et nous avons même du mal à écouter la musique.
Après 5 h00 de route et après avoir parcouru 200 kms la route redevient soudainement asphaltée aux abords d’une petite ville ‘Gobernador Gregores’ . Nous ne comprenons pas pourquoi cette portion de ‘ruta 40’ que nous venons de franchir est encore une piste, est-ce une question de budget ou peut-être à cause du sol volcanique en perpétuel mouvement.
Nous n’irons pas plus loin aujourd’hui, épuisés par la route et nous nous installons comme d’autres camping-car à côté d’une station service YPF profitant ainsi d’une connexion Wifi.

Nous ne pensons pas nous éterniser ici mais partons visiter la ville en passant par l’office du tourisme. Nous sommes accueillis par deux sympathiques personnes, Carla et Angelina qui travaillent ici et qui sont très curieuses de notre périple.
Nous discutons beaucoup sur les randonnées faites récemment à El Chalten.
Nous passons un bon moment en leur compagnie et promettons de revenir les saluer avant notre départ pour le Chili et sa mythique ‘Carretera Australe’.
30 novembre :
La journée passe vite, mise à jour du site, contact avec la famille, partie de scrabble… Comme promis, nous repassons saluer l’office de tourisme. Il est trop tard pour reprendre la route et décidons de rester une nuit supplémentaire à Gobernador Gregores. Si la station de service reste une bonne opportunité (mais bruyante la nuit)pour avoir du wifi gratuit, nous recherchons un coin plus sauvage pour notre seconde nuit et sur le conseil de Carla et Angelina, nous partons dans une prairie à proximité d’une rivière.

Alors que nous sommes en pleine partie de scrabble dans la soirée, une voiture vient se garer à côté de nous.
Nous râlons un petit peu car il y a beaucoup d’espace autour de nous et nous nous demandons pourquoi cette voiture vient stationner à deux mètres à peine de kokopelli.
Les portières s’ouvrent et voici que Carla et Angelina et son papa sortent et souhaitent nous saluer pour savoir si nous sommes bien installés !
Petit moment de discussion à l’intérieur du camping-car que nous immortalisons par une photo de famille !
01 décembre :
Nous quittons Gobernador Gregores et reprenons la ‘ruta 40’ toujours en direction du nord afin de bifurquer pour le Chili. La route serpente de vastes collines colorées où vivent des guanacos. Nous remarquons en bordure de route un autre style de 'casarodante' (camping-car), sans doute moins sophistiqué que l'est kokopelli.
Nous sommes encore dans une région d’anciens volcans et les roches prennent des teintes qui passent du noir au blanc en passant par du rose-orange.
Nous nous arrêtons souvent pour admirer tous ces paysages et arrivons à une petite ville ‘Perito Moreno’ où nous faisons étape.
Nous quittons Perito Moreno en direction du Chili. La route se rapproche à nouveau de la Cordillère des Andes, nous longeons le ‘Lago Buenos Aires’, le lac le plus grand de Patagonie australe et au loin apercevons les sommets enneigés des la cordillère.
Nous arrivons à Los Antigos, la capitale de la cerise. Les arbres sont remplis de cerises presque mures mais il manque encore 3 semaines... tant pis ! Nous ne pouvons pas être de partout au bon moment.
Los Antigos est la ville ‘frontière’ entre la sortie de l’Argentine et l’entrée au Chili où il est interdit d’introduire fruits et légumes.
Nous décidons de rester deux jours ici afin d’épuiser notre stock de produits frais et établissons notre bivouac face au lac. En soirée, deux autres camping-car français viendront stationner à côté de nous. C’est remarquable le nombre de français que nous croisons, qu’ils soient en camping-car, en formule sac à dos ou encore avec un véhicule de location.
03 décembre :
Si Los Antigos semble être qu’une petite ville étape avant la frontière.
Il n’en demeure pas moins que les alentours sont très jolis. Nous nous sommes promenés d’abord le long du lac discutant avec des locaux qui pêchent des truites saumonées ou des saumons.
La poursuite de la balade nous permet d’approcher le ‘Rio Antigos’, une belle rivière qui se jette dans le ‘Lago Antigos’. Cherchant à rejoindre le centre du village, nous traversons des prairies où paissent des chevaux avec qui nous passerons un bon moment d’amusement.
De retour au camping-car, nous préparons notre départ pour le Chili.
04 décembre :

Nous voici partis pour le Chili. Traverser une frontière est toujours quelque chose que nous craignons bien qu’ayant la conscience tranquille.
Bon il faut l’avouer, nous avons dissimulé quelques fruits et avocats dessous un caisson situé en dessous d’un autre caisson lequel est situé encore en dessous d’un autre…..
il y aura du travail pour trouver tout çà…
Allez trêve d’humour, de toute façon nous allons remplir la fiche en cochant ‘oui’ à la rubrique à savoir si nous possédons des fruits et légumes….
Le passage côté Argentine se déroule très rapidement, ‘bing bing’ 2 tampons sur nos passeports et nous pouvons partir…. Quelques kilomètres plus loin nous arrivons au bâtiment de la frontière Chilienne et c’est le début d’une toute autre histoire.
Nous passons au contrôle et une femme monte dans le camping-car et Sylvie lui présente quelques légumes que nous avons volontairement laissés en évidence. Pendant ce temps, un jeune douanier ouvre la portière côté conducteur et fouille le contenu du vide-poches puis vient à la boîte à gants et ensuite fouille le dessus du poste de conduite et ouvre une boîte dans laquelle nous entreposons coquillages et souvenirs divers.
Il découvre deux magnifiques fossiles d’huîtres que nous avions ramassé quelques mois auparavant dans les falaises de la côte de ‘Puerto San Juan’ en Argentine.
Il appelle son supérieur qui nous explique que nous ne pouvons pas garder çà et ni entrer au Chili avec. Nous expliquons que cette falaise comportait des milliers de coquillages de la sorte mais il ne veut rien entendre et nous demande de retourner à la frontière Argentine pour les déposer.

Bref, nous voici repartis pour quelques kilomètres au poste Argentin. Nous entrons et expliquons que les autorités chiliennes ne veulent pas que nous entrions avec ces fossiles et que nous venons les restituer au pays.
Les douaniers partent dans un fou rire se moquant des douaniers Chiliens et nous répondent qu’ils ne savent pas quoi faire avec ces deux coquilles d’huîtres….
D’accord mais que fait-on avec si personne n'en veut? Un douanier me propose de les laisser parmi les cailloux de dehors, puis un autre douanier nous voyant embêtés nous demande de lui remettre.

Nous faisons rapidement une photo afin de la présenter au retour au poste Chilien.
Nous retournons et plus aucun contrôle, il nous est permis d’entrer au Chili….
Nous arrivons à Chile Chico, 3000 habitants est la plus ville du coin et partons faire des emplettes. On ne peut pas dire que les légumes soient de première qualité et les prix sont élevés. Nous passons ensuite à l’office du tourisme et la personne nous inonde d’informations très précises sur le circuit que nous allons entreprendre. Elle nous remet une carte très détaillée ainsi qu’un petit livre complet sur les points ‘spot’ tout au long de la Carretera Australe. Avant de partir sur cette ‘fameuse’ route classée comme une des plus belles au monde, nous faisons le plein de carburant et remplissons aussi nos jerricans de secours…. Pour le cas où…

Qu’est-ce que la Carretera Australe ? C’est une grande route de 1200 kms rarement goudronnée qui relie Puerto Montt au nord à Villa O’Higgins au sud à travers des terres non colonisées du continent américain. La route serpente entre montagnes, glaciers, volcans, forêts, lacs, rivières.

Cette route fut construite sous la volonté du général Pinochet ……..Elle est devenue ouverte au public depuis 1994.Situé au milieu de nulle part au cœur de flancs de montagnes, nous arrivons à Mallin Grande, un bourg de 500 habitants et faisons étape pour la nuit.
05 décembre :
Nous faisons une petite étape à Puerto Guardal, un petit village situé entre Chile Chico et El Maiten.

Nous sommes attirés par des enfants qui peignent des roues entourant des arbustes.
Nous discutons avec des locaux et apprenons qu’ici, dans cette province Aysen, les enfants sont éduqués dans un souci de préservation de l’environnement, du traitement des déchets….
Nous alllons visiter une galerie d’art tenue par Mickael et Lydie, deux ‘passionnés’ d’histoire nous commente la vie des indigènes Chonos,Caucahues, Tehuelches qui occupaient jadis cette région jusqu’à l’arrivée des Espagnols et Britanniques qui amena leur extinction. Nous resterons bien 1h30 en leurs compagnies avec le regret de ne pas maîtriser la langue car nous avons eu parfois du mal à comprendre les exposés.
Nous reprenons la route vers le sud de la mythique Carretera Austral, la route est faite de cailloux, de terre, d’ornières et surtout de poussières. Cette piste est laissée à l’état ‘sauvage’, peu d’indications signalétiques, peu de barrières de sécurité. Les locaux sont habitués et conduisent comme sur une route normale. De notre côté c’est tout autre, car la piste est un vrai chemin de campagne – en montagne.

Elle monte pour descendre ensuite le contour de versants parfois abruptes, tourne brusquement, franchit des ponts laissant un véritable vide dessous. Conduire sur cette piste demande de la vigilance et de la prudence.
Cela engendre de la fatigue sans compter le bruit des cailloux qui sont projetés sous le châssis. Je me réjouis d’avoir placé un carter de protection de la partie basse du moteur comme de la protection du réservoir de carburant.
Avec cette conduite réduite forcée, nous pouvons bien apprécier le paysage qui est magnifique et s’arrêter souvent pour apprécier le décor. La route longe le Rio Baker, une rivière tumultueuse qui descend tout droit des glaciers Andins.
Avec un dénivelé de plus de 10 mètres, le Rio Baker de couleur turquoise rencontre le Rio Nef avec son eau chargée en sédiments au point appelé ‘Confluencia’.
Le soir nous ferons étape non loin d’une ferme dans une pâture en retrait de la circulation incessante sur la Carretera pour éviter la poussière produite à chaque passage de véhicule.
06 décembre :
Après une nuit calme et reposante, nous reprenons la piste en direction de Cochrane, une sympathique bourgade de 3500 habitants et son lac, le Lago Cochrane avec une eau pure.
Nous passons à l’office de tourisme pour en savoir plus sur la ‘Reserva Nacional Tamango’ et profitons d’un wifi ‘ouvert’ pour appeler la famille et prendre des nouvelles. Nous partons ensuite nous rapprocher du parc et préparer nos affaires pour randonner le lendemain.
07 décembre :
Il fait très beau ce matin, 21° au lever avec un ciel entièrement bleu. Nous passons au bureau des ‘gardaparques’ pour s'enregistrer. Le parc Tamanga propose plusieurs circuits de randonnées de difficulté et de temps différents. Nous allons enchaîner d’un circuit sur un autre en longeant plus ou moins le ‘Rio Cochrane’ et revenir par un sentier situé sur les hauteurs afin d’avoir un aperçu dominant.

Ce parc encore méconnu car retiré ne dispose pas d’un budget permettant d’aménager certains passages si bien que parfois c’est un peu – Sylvie dira ‘beaucoup’ d’escalades pour franchir des obstacles.
Au bout de 4h00 de marche, le sentier nous amène devant le Lago Cochrane avec une eau pure et claire, un véritable coin de paradis où nous allons pique-niquer.
Attirés par notre présence, des taons viendront perturber notre pique-nique. Il s’en suivra de véritables combats pour éviter que ces insectes nous piquent.
Après cette étape reposante, nous reprenons le chemin de randonnée et celui-ci débute par une montée assez pénible avec un dénivelé de 600 mètres. Il nous arrive souvent de s’arrêter pour reprendre le souffle. Cela nous permet de jeter un regard devant nous et de contempler tout cet espace qui était occupé il y a des millions d’années par des glaciers. Une fois arrivés sur un plateau, il nous reste encore beaucoup à faire mais il fait beau et en profitons.
Notre réserve d’eau s’épuise avec la chaleur accablante et le soleil qui frappe sur nos têtes. Nous arrivons devant une cascade et comme deux moineaux dans une flaque d’eau, nous mouillons nos cheveux et une partie du corps pour se refroidir et faisons le plein de nos gourdes avec cette eau fraîche.

Vers 20 :00 nous retrouvons kokopelli stationné devant le bureau du gardaparque. A l’intérieur il fait 45°. Nous ouvrons toutes les fenêtres mais la chaleur du jour est encore bien présente.

Nous regagnons notre point de bivouac près du centre nautique pour une douche bien méritée.
Nous sommes épuisés mais une fois de plus ravis des décors d’une nature intacte que nous avons pu observer.
08 décembre :
Ce matin du 08 décembre, le soleil est encore au rendez-vous, il fait déjà bien chaud.
Nous faisons du rangement dans le camping-car et nous nous rapprochons du centre de Cochrane, y faire quelques courses avant de repartir.
Dans une quinzaine de jours ce sera Noël… Nous n’avons pas ce sentiment de fête qui approche, les rues ne sont pas décorées comme en France. Il en est de même pour les vitrines de magasins. A peine deux magasins affichent quelques boules de Noël… Nous entrons dans un supermarché et rien ne semble témoigner cette prochaine célébration.

Nous quittons Cochrane et reprenons à nouveau la piste pour remonter la carretera. Nous devenons ‘familiers’ sans le vouloir avec la conduite sur piste. Nous n'arrêtons pas de contempler les paysages tout autour de nous, des glaciers, des montagnes et des torrents.
Dans l'après-midi nous retrouvons notre même bivouac où nous nous étions arrêtés deux jours auparavant, contents de se trouver à l'abri de la poussières des véhicules qui circulent sur la Carretera Australe. Des engins arasent les pistes pour atténuer les trous et les tôles ondulées .... ce n'est pas un grand succès ..... la ruta '7' reste bien la 'piste '7''.
La nuit aurait été bonne si….
Il doit être 22 :00, nous entendons un frottement sur le camping-car, ce n’est pas possible que cela provienne de branchages, nous n’avons pas d’arbres à proximité...
Nous jetons un regard dehors et apercevons au moins une dizaine de vaches avec leurs veaux et deux d’entre elles se plaisent à lécher le contour de la roue. Un coup de klaxon les fait reculer, nous refermons le rideau mais le bruit revient. C’est un véritable face à face qui s’en suit, nous mettons les pleins phares, nous crions dessus pour les éloigner. Elles partent puis reviennent. Le temps de glisser un short, je sors pour leur lancer des pierres et les faire fuir. Elles s’éloignent ce coup-ci et nous pouvons dormir…

Vers 5 :00 du matin, nous sommes réveillés à nouveau par ce frottement, Sylvie entrouvre une fenêtre, le troupeau est revenu à cette heure matinale. Elle leur crie dessus ‘allez allez…on s’en va…. Allez allez…encore plus loin’.
Ces vaches ont-elles compris le français ? toujours est-il que le troupeau a fui et est parti bien loin. Nous reprenons notre sommeil interrompu.
Prochaine étape : Carretera Australe 2 - Puerto Rio Tranquillo