
17 janvier :
Beau temps ce matin, la chaleur est déjà bien installée. Nous quittons notre sympathique bivouac devant le volcan Lanin côté Argentine pour franchir la douane située à peine à 2 kms.

Après les deux tampons ‘bing-bing’ sur nos passeports, nous avons droit à une fouille assez approfondie pour savoir si nous ne cachons pas de produits interdits en entrée au Chili. Le douanier palpe les oreillers, soulève le matelas et demande à ouvrir tous les placards. Le ‘travail’ est bien fait – il faut le dire - mais il s’est limité à l’intérieur du camping-car sans examen des soutes accessibles depuis l’extérieur.
Nous avons le feu vert et nous reprenons la piste qui se transforme en asphalte avec panneaux de signalisation et marques jaunes. Nous revoici au Chili !
Le contraste est net et nous apprécions de rouler sur une chaussée asphaltée.
Nous profitons d’une aire pique-nique pour déjeuner, un joli sous-bois au milieu d’araucarias. Le déjeuner aurait été presque parfait sans la présence de taons qui cherchent à nous piquer.
Nous longeons ensuite une route sinueuse avec une forte pente qui nous mène dans le Parque Nacional Villaricca.
C’est un parc très convoité des ‘grands’ randonneurs qui souhaitent relier les volcans Lanin, Quetrupillan et Villaricca. Nous aurons droit à une carte générale du parc dans un bureau de la Conaf, bureau rencontré en route, qui gère les parcs nationaux.

Alors que le volcan Lanin et son cône blanc disparait derrière nous, voici que le volcan Villaricca se montre peu à peu au fur et à mesure que nous approchons la ville de Pucon.
Pour les Mapuches, Le volcan Villaricca est appelé le ‘Rucapilla’, maison du diable. Il faut dire que le volcan est toujours actif et émet constamment des volutes qui tournent en véritables nuages de fumées.
Nous entrons dans la ville de Pucon et premier objectif, s’arrêter à un centre commercial et refaire le plein de produits frais. Nous allons stationner dans le centre de Pucon, notre visite va être assez rapide. Cette station balnéaire située en bordure du Lago Villaricca s’adresse à un public ‘plus haut de gamme’ avec restaurants, casinos et magasins de marque.
Nous suivons le point proposé par l’application Ioverlander pour aller établir notre bivouac. Une personne nous indique que nous ne pouvons pas rester ici avec notre kokopelli. Nous partons sur l’aire de l’aérodrome et surprise nous retrouvons nos amis français - les Pauz’ailleurs !
Ce qui marrant dans ce voyage c’est de rencontrer des familles qui voyagent, de passer un moment ensemble, de se quitter sans vraiment chercher à se revoir car chacun roule à son rythme, son centre d’intérêt, mais de se recroiser comme çà par hasard.
Nos échanges se portent sur les prochaines destinations mais aussi sur les inquiétudes avec le problème que l’Argentine et le Chili connait actuellement : le virus Hanta qui a déjà fait une dizaine de morts autour de Epuyen. Justement Le Pauz’ailleur ont séjourné là-bas pour les fêtes de fin d’année et nous nous sommes rencontrés souvent par la suite avec d'autres voyageurs.
Nous avons convenu lors des prochaines rencontres de ne plus s’embrasser.
18 janvier :
Il fait très beau aujourd'hui, même déjà très chaud. Nous décidons de laisser de côté les randonnées qui permettent d'approcher le volcan Villaricca et partons au Lago Caburgua situé à une vingtaine de kilomètres.
Nous arrivons devant une plage faite de cendres de volcans. Il n'y a encore personne sur la plage à l'exception des loueurs de chaises et parasols qui installent leurs matériels à louer. A proximité, des jet-skis sont extraits de camions et mis à l’eau.
Peu à peu la foule de vacanciers arrive. Cela ressemble un peu à une plage de la côte d’azur en plein été, les parasols aux couleurs multiples, les enfants qui construisent des châteaux de sable avec de la poussière de lave, l’odeur de crème à bronzer, des vendeurs ambulants de 'helados' (glaces). Ce qui est frappant quand même c’est de voir des personnes se baigner habillés.
Nous partons avec notre pique-nique, serviettes de plage et crème à bronzer sur un coin retiré de la foule. L’accès à l’eau est un peu délicat avec les cailloux de lave et l’eau du lac est un peu fraîche mais il fait tellement beau et cette eau est tellement limpide, comment ne pas y résister…

La journée sera une journée 'farniente' bien appréciable partagée entre repos et baignades.
Depuis le camping-car, nous apercevons la cîme d'un volcan lointain à l'extrémité du lac, c'est le volcan Llaima, nous comptons nous y rendre dans les prochains jours.
Vers 20 :00 le soleil disparait derrière les montagnes, la plage se vide de la foule et il s’en suit un embouteillage de voitures qui cherchent à repartir. Nous allons rester là pour la nuit. Notre voisin est un chilien avec son épouse qui font un périple de quelques mois avec leur camping-car.
19 janvier :
Après une nuit calme, nous quittons Caburgua et retournons à Pucon. En route nous achetons des myrtilles à des vendeurs sur le bord de route puis arrêt pour des melons, cerises et autres fruits de saison. Nous quittons Pucon en direction de Villaricca.
Contrairement à sa voisine touristique Pucon, Villaricca est plus agréable. Située en bordure du lac du même nom, elle offre un lieu de promenade agréable avec une plage herbeuse.
Devant la plage une belle sculpture taillée dans le bois rappelle l'appartenance des terres mapuches.

Nous sommes en plein été et un peu partout dans cette région du Chili se déroulent des fêtes culturelles appelées 'Muestra Cultural Mapuche'. Nous apprenons que ces fêtes se situent vers Lican Ray en bordure du lac Calafquen à une cinquantaine de kms. Nous décidons de s’y rendre. En route nous trouvons une pancarte indiquant une fête indigène, nous empruntons la piste étroite sans trop savoir où nous nous rendons. Il y a toujours dans de pareils cas la même question qui revient ‘et si nous ne pouvons pas faire demi-tour !?’. Il y a toujours solution à tout problème et continuons notre piste à l’intérieur des terres.
Le sentier aboutit finalement sur un champ tondu pour l’occasion de la fête. Nous laissons Kokopelli au milieu de voitures et nous avançons à pieds dans le sens d’une voix qui semble être celle d’un animateur.
Nous entrons dans une sorte de vaste cour où d’un côté se trouvent un préau avec des tables en bois, face à des stands tenus par des mapuches dont certains ont revêtus un costume. En longeant ces stands, on y trouve empanadas et gâteaux maison, des confitures mais aussi de l’artisanat local.

Nous poursuivons notre visite au milieu de ces gens qui semblent bien s’amuser avec l’animateur et arrivons à un endroit où une femme et quelques hommes s’occupent de la cuisson de l’asado. Nous discutons avec la femme mapuche qui connait quelques mots de français et semble toute fière de prononcer ces quelques mots.
Elle nous invite à entrer dans une Ruka, la maison ‘traditionnelle’ des Mapuches. C’est une maison dont la structure est faite de bois sur laquelle est fixé du paillage à partir de grande herbes, c’est la même chose pour la couverture du toit qui laisse apparaitre une ‘fenêtre’ servant de cheminée au feu central de la cabane. Divers outils sont exposés rappelant les conditions de vie de ce peuple.

Nous quittons cette communauté pour retourner à Villaricca en soirée.
Nous nous plaçons à l’extrémité de la plage et un camping-car chilien vient se placer à côté de nous. Nous discutons un bon moment tant sur notre périple mais aussi sur le camping-car en général.
20 janvier :
Le matin nous retrouvons notre voisin Sergio, ancien pilote de lignes et récemment retraité, il ‘vole’ à présent avec son camping-car qui est un modèle européen.
Après ce sympathique moment passé à discuter immortalisé par des photos, nous nous préparons à partir et saluons bien chaleureusement Sergio et sa fille Camilla pour un ‘ready for take off’.
Nous quittons Villaricca et prenons la route de Temuco pour ensuite bifurquer vers le village de Mélipeuco, situé à 90 kms de Temuco. La route est bonne, sillonne de larges prairies et apprécions les routes chiliennes. Pourvu que cela dure !
Nous établissons notre bivouac sur la place de ce village calme face au volcan Llaima, tout blanc à son sommet. Mélipeuco est sur le territoire des Mapuches et est la porte d’entrée méridionale du Parque Nacional Conguillio.
21 janvier :
Après une nuit calme, nous passons à l’office de tourisme de Mélipeuco afin d’obtenir des informations sur le parc notamment les randonnées possibles. La personne nous décrit les circuits sur un tableau affiché au mur et nous devons nous contenter de faire une photo du tableau, l’office du tourisme ne disposant pas de plaquettes papier.
Nous faisons le plein de courses pour les quelques jours à venir et partons pour le parc. En route, nous serons amusés par la présence de chèvres pas du tout sauvages qui se baladent devant l’entrée du parc. Notre présence ne semble pas les déranger.
Nous arrivons devant l’entrée du parc avec autour de nous un véritable spectacle de désolation, un sol lunaire, partout du sable de poussières d’éruptions successives, des cailloux projetés en l’air dont la course s’est terminée ici et ils n’ont pas bougé depuis des millénaires pour certains.
Une timide végétation semble cependant reprendre le dessus et jusqu’à quand pour être à nouveau enseveli par de nouvelles éruptions.
Le volcan Llaima est classé parmi les plus actifs du Chili. Depuis 1640, 35 éruptions violentes ont été enregistrées, la dernière date de 2008 avec une éruption de lave qui est montée à 300 m de haut
Nous payons notre entrée et nous nous enregistrons au bureau des ‘guadarparques’. Aucune plaquette est disponible pour nous renseigner sur les randonnées à faire dans le parc. Tant pis, nous devons nous contenter de la photo faite à l’office de tourisme de Mélipeuco.
Nous retrouvons une piste, unique accès qui traverse le parc du sud au nord. Cette piste est faite de lave et chaque déplacement dégage un nuage de poussière…. Pauvre kokopelli, nous te promettons un bon nettoyage une fois sorti de ce parc !
Sylvie part examiner le sol cherchant aussi un accès à la lagune. Nous nous arrêtons à Laguna Verde face au volcan. Il se compose de deux dômes tous les deux couverts de neige, le plus grand culminant à 3125 m.
Nous déjeunons face à la lagune et partons faire une petite balade. Le coin est idéal pour y passer la nuit mais il se trouve dans la zone ‘à risques’ comme l’indique un panneau de signalisation.

Le monstre reste imprévisible, autant ne pas prendre de risques. De plus nous nous ferions déloger par la surveillance des guadarparques.
Nous rencontrons nos amis français ‘Les Tiself’ qui sont sur le point de sortir du parc. Nous échangeons un moment et le virus Hanta revient comme sujet de discussion.
Ils nous recommandent de faire la randonnée du ‘Cerro Sierra Nevada’ (Mont Sierra Nevada), annoncée comme la meilleure randonnée pour ce parc.
Nous abandonnons nos amis et partons établir notre bivouac au Lago Conguillio. L’accès se fait par une piste étroite et le problème apparait à chaque croisement de véhicule : ‘qui va reculer, le véhicule devant ou nous ?’.
Reculer avec la taille de kokopelli n’est pas chose évidente, je recule droit mais j’ai une fâcheuse tendance à vite dévier et je dois alors m’y reprendre à plusieurs reprises.
Finalement, après plusieurs croisements de véhicule, nous arrivons au Lago Conguillio.
Nous faisons le plein d’eau à côté d’une cabane de restauration tenue par une personne Mapuche. Elle a fini sa journée et attend que sa fille vienne la chercher. Nous discutons un moment avec elle sur le volcan, ses risques, la vie des locaux, nous en apprenons plus sur les Mapuches. C’est très intéressant. Dommage que nous ne savons pas parler couramment l’espagnol, nous aurions pu discuter et en apprendre plus sur ce peuple.
Nous essayons de nous coucher tôt pour la randonnée de demain mais la chaleur est bien présente et avons du mal à trouver le sommeil.
22 janvier :
Nous nous levons de bonne heure et allons stationner kokopelli sur le parking du point de départ de la randonnée ‘Sendero Sierra Nevada’.
Ce sentier de 7 kms (3 heures) offre l’une des plus belles randonnées du parc. A cette heure matinale, nous croisons peu de véhicules en sens inverse et avons de la chance de trouver une place à l’ombre sur le parking.
Alors que nous préparons bâtons de marche, chaussures de rando, une personne d’une voiture stationnée s’approche de nous, Hernandez tient à nous parler on dirait. Il est content de rencontrer des français et d’apprendre que kokopelli est venu de France par bateau.
Il nous dit ‘à tout à l’heure’ sur la rando et s’en va rejoindre sa petite famille.
La sentier se déroule dans une épaisse forêt faite de bambous, de vieux arbres aux troncs énormes pointant vers le ciel. Au fur et à mesure qu’on avance, apparaissent des araucarias avec le port majestueux ressemblant à un ‘palmier de montagne’.
Nous arrivons au premier belvédère qui offre une magnifique vue sur le Lago Conguillio et à sa gauche le volcan Llaima avec son cône tout enneigé.
Nous reprenons le sentier, la poursuite de la randonnée n’est pas difficile, le parcours est agréable à travers la forêt. Nous arrivons sur un plateau avec un espace plus aéré fait d’araucarias qui remplacent les ‘coigues’ hêtres du Chili, le sol est fait de lave, encore un petit effort à parcourir et nous voici au belvédère ‘Sierra Nevada’. Au loin, nous apercevons clairement le volcan Villaricca.
Nous avançons en zigzaguant et gesticulant les bras dans tous les sens. Si le décor est immensément beau, nous sommes quand même dérangés par des taons qui cherchent à nous piquer.
Les araucarias sont composés de 3 niveaux : un tronc charpenté avec une écorce ressemblant à la carapace d'une tortue, la partie intermédiaire avec de la 'barbe de vieux', une sorte de lichens qui enrobe feuilles, troncs et branches. Et enfin à l'extrémité, on trouve une 'parasol' formé de branches .
Après un dernier effort, nous arrivons au pied de neige éternelle d’où partent des cascades d’eau pure et fraîche. Nous arrivons enfin au belvédère à 1700 m d’altitude, au pied du ‘Cerro Sierra Nevada’ – Mont Sierra Nevada.
Cet endroit offre d’impressionnantes vues sur le volcan Llaima situé de l’autre côté du versant.

Nous ne sommes pas les seuls randonneurs et nous discutons avec des jeunes chiliens croisés en chemin.
Un moment après c’est Hernandez, rencontré sur le parking qui arrive avec sa petite famille.
Ensemble nous poursuivons un petit peu plus haut la randonnée, au pied d’une paroi où tombent des cascades.
Nous n’avions pas prévu de venir jusqu’au belvédère final et commençons à avoir faim. Nous entamons notre descente qui se fait rapidement mais pas forcément agréable. Nous devons éviter de prendre les pieds dans des racines à nu et apprécions nos bâtons de randonnée pour ‘slalomer’ d’un point à l’autre.
Dans la forêt, attirés par le bruit du choc répété sur un tronc d’arbres nous contemplons plusieurs fois le travail de piverts. Malheureusement, aucun ne souhaitera poser au soleil pour être pris en photo.
Nous arrivons au camping-car, contents de notre balade. Nous trouvons un coin pour déjeuner à l’ombre. Nous partons ensuite nous placer à proximité de la maison du guardarparque. Demain une autre balade nous attend. Nous traversons des lacs merveilleux avec une eau transparente et serpentons dans le décor lunaire.
Dans la soirée, arrive Hernandez à notre hauteur, il vient nous dire ‘au-revoir’, lui et sa famille repartent pour Santiago. Il espère nous revoir ici un jour et nous inviter dans son campo et nous faire découvrir plus de coins reculés, méconnus des touristes. Qui sait peut-être un jour !...
23 janvier :
Il fait encore très chaud ce matin. Il est 8 :00 et le thermomètre indique déjà 23°alors que nous apprenons qu’en France, le manteau de neige s’installe un peu partout.
Nous partons suivre un sentier balisé de pierres sur une ancienne coulée du volcan qui date de 3000 ans. Différents points d’arrêts permettent d’observer le travail de Dame nature. Des panneaux d’information donnent des explications sur les différentes couches de laves accumulées suite à différentes éruptions du volcan Llaima.
Nous apprenons aussi comment de telles coulées hautes de 10 voire 15 mètres de haut ont pris une forme ‘cristalline’ en se refroidissant au contact de torrents comme ici le Trufull-Trufull qui descend des montagnes freinant la coulée et immobilisant la lave jusqu’à la figer.
Nous croisons aussi la présence de véritables blocs de pierres de plusieurs tonnes catapultés lors des éruptions.

Au Chili, les indiens Mapuche évoquent la figure d'un serpent lors du Grand Déluge. Un tableau du sentier montre deux serpents, un serpent d’eau qui entre en conflit avec un serpent de mer donnant un certain ‘équilibre’ à la vie de notre terre.
Nous quittons le parc avec un dernier regard sur le volcan. C’est toujours un moment d’émotion de quitter un endroit que nous ne verrons plus mais nous devons continuer et passer à autre chose.
En route, nous nous arrêtons à côté d’une rivière. Le coin est idéal, nous déjeunons et alors que je me lance à laver kokopelli, Sylvie en profite pour laver quelques vêtements et mettre un peu d’ordre à l’intérieur. Les chèvres rencontrées auparavant viennent nous saluer.
Après quelques heures passées à cet entretien nous rejoignons Mélipeuco pour y passer la nuit.
Prochaine étape : La côte pacifique du Chili