
La phase de descente est choisie par le Commandant de bord ou imposée par le contrôleur de la tour aérienne. Nous approchons l'aéroport de Charles de Gaulle de Paris ce 16 mars 2019 ... Message du commandant : 'En vue de notre atterrissage, veuillez remonter votre dossier, rabattre votre tablette se trouvant devant vous, vous assurer que votre ceinture est correctement attachée et ouvrir les rideaux des hublots....'
200 pieds, 100 pieds, 50 pieds nous touchons le sol et dès que la vitesse a été suffisamment réduite, l'avion libère la piste d'atterrissage et emprunte les voies de roulement pour se diriger vers son aire de garage. Nous voici sur le sol français, il est 8h05... nous venons de terminer notre premier périple aux Amériques...
Nous voici avec un 'atterrissage bien difficile' ! Bien sur je ne parle pas de cet atterrissage de l'avion qui s'est posé en douceur ce matin-là du 16 mars dernier. je fais bien entendu allusion à cet état d'esprit dans lequel nous nous trouvons en rentrant en France après 9 mois d'absence, une sorte de routine qui s'installe, la vie d’avant qui reprend son cours. Nous avons parfois l’impression d’être revenus à la case départ se sentant moins épanouis que pendant le voyage auquel on repense avec nostalgie.
Comment essayer d'expliquer çà ! Imaginez le 'blues' qu'on peut connaitre après 3 semaines de vacances 'hyper réussies' à la veille de reprendre le travail, l'esprit est partagé, ailleurs même... Mais dans le cas présent ce n'est pas 3 semaines, c'est 9 mois d'absence hors de France qu'il est question.
Avant de partir, quelqu'un m'avait dit 'attention au retour, on ne revient pas intact'... C'est la vérité. J'ai même tardé à rédiger cet article pour clôturer la fin du premier périple et présenter la suite qui arrivera à partir d'août prochain.
Nous retrouvons un pays en pleine crise avec manifestations et heurts aux quatre coins de l'hexagone. C'est 'affolant' d'ouvrir le téléviseur ou la radio et d'entendre que des mauvaises nouvelles alors que durant ces 9 mois nous avons eu comme sujet principal 'Dame nature' avec ses paysages magnifiques, ses grandeurs, ses couleurs sans oublier tous ces animaux croisés en chemin... Bienvenue dans le monde du stress et du conditionnement produit par les médias.
Un de nos constats qui se confirme rapidement depuis ce retour en France, nous vivons ici de plus en plus dans l'individualisme, la morosité... Comme contre choc culturel on ne peut pas mieux. Le français 'en général' pense à lui sans se préoccuper des autres, un lourd danger de cohésion sociale.... En revanche, pour avoir traversé l'Uruguay, le Brésil, Le Paraguay, l'Argentine, le Chili, nous n'avons pas eu ce sentiment du 'chacun pour soi'. L'esprit d'entraide est bien présent là-bas les gens sont a-do-ra-bles, souriants, généreux.... malgré leur pauvreté et/ou les difficultés économiques dans certains pays parcourus. Ici bon nombre de personnes arrêtent leur limite 'sociale' là où il n'y a plus d'intérêt personnel.
Un exemple parmi tant d'autres vécu là-bas... Je me souviens qu'un jour nous avions besoin de remplir la réserve d'eau de notre camping-car. En arrivant près d'une petite place d'un village nous avions interrogé le vendeur d'un magasin de glaces situé à proximité sur l'existence d'un robinet sur la placette de manière à remplir notre réservoir. Il nous a proposé de se connecter à son jardin. Alors que nous nous apprêtions à effectuer une manoeuvre du camping-car pour le placer du bon côté afin de connecter le tuyau, l'homme s'est empressé de nous stopper et est allé déplacer sa voiture afin de libérer la place pour nous.
Une pareille situation se rencontrerait-elle en France.?.. je ne sais pas, tout au moins avec autant de générosité et de sincérité...
Oui un 'atterrissage bien difficile' pour d'autres points encore... Nous avons le sentiment d'avoir dormi durant ces 9 mois et vécu un rêve intense sans contrainte à travers des paysages uniques et splendides. Réveillés alors depuis notre retour, nous sommes depuis littéralement déphasés pour ne pas dire paumés, hors du temps et avons mis beaucoup de mal à se 'réaclimater' à la vie de tous les jours en reprenant un cours 'normal' et se retrouver dans un espace bien établi et structuré. Bien sur nous avons une agréable maison au coeur de la Provence avec son jardin qui l'entoure et tout le confort à l'intérieur. Mais durant ces 9 mois, le jardin qui nous entourait était sans cesse différent avec tantôt vue sur océan, un autre jour vue sur un volcan, une autre fois face à des baleines, pingouins, guanacos ou encore oiseaux sans compter les vues sur glaciers, torrents, lacs, cimes enneigés, espaces désertiques, montagnes colorées et j'en oublie sans doute...
Le côté positif de ce retour qui nous a aidé à 'soigner' une sorte de déprime 'post-voyage' : nous avons été contents même très contents de retrouver nos familles comme nos amis ou voisins, Evelyne et Jean-Pierre, Solveig et Patrick, Karen et René, Erick et Monique, Jeannot et Chantal, Didier et Chantal, Carine et Franck, Laurence et Hervé pour ne citer qu'eux... Les autres nous espérons très vite vous revoir du moins avant notre prochain départ en août. Que dire de ces 9 mois.... Ils ont très vite passé. Avec nos proches, nous avons l’impression de les avoir quittés la veille. Vous tous famille et amis vous nous avez tout même manqué en voyage et sommes heureux de partager des moments ensemble.
Nous pensons aussi à toutes ces familles françaises voyageant comme nous avec qui nous avons passé d'excellents moments aux retrouvailles.
Une pensée encore à toutes les personnes qui nous ont suivi dans ce premier périple, une sorte d'invitation au voyage. Désolés de ne pas avoir répondu à tous vos messages postés aux newsletters, se connecter à un bon internet 'fluide' n'était pas chose évidente. Nous pensons en fin à toutes ces personnes rencontrés aux Amériques qu'ils soient Chiliens Argentins ou des autres pays voisins, votre gentillesse et votre accueil auront contribué à la réussite de ce périple. Nous pensons bien à vous et à ces moments de bonheur partagés :
Sergio, croisé à Villaricca avec son camping-car,
Fernando, guide de montagne pour Laguna Brava,
Flavio croisé à Peninsula de Valdes,
Gercison croisé à Carhué,
Eugénio, Gloria pour notre rencontre à Dichato,
Angel rencontré à Carhué,
Jimena et Carlos, rencontrés à Montevideo
Victor de Puerto Aysen,
Ezequiel et sa famille rencontrés à Ischigalasto,
Renaldo, carrossier de Coyhaique
Esteban et sa famille, croisé à Puerto Piramides,
Maria et son mari rencontrés à un rodéo,
Aria, Maria, Jorginho, Milto pour cet asado,
Leni pour le dépannage en gaz,
Noellia pour cet aide à changer des pesos argentins,
et j'en passe j'en passe tant la liste est grande...
Bilan du premier périple :
D'abord sur la traversée en bateau en accompagnant kokopelli.

La durée initiale devait être de 28 jours. Suite à certains retards, attente d'entrée dans les ports, conditions météo, le voyage en bateau est arrivé à 37 jours. Nous garderons un excellent souvenir de cette traversée, côtoyant l'équipage d'un bateau de plus de 200 mètres de long avec ses 12 ponts. Le séjour à bord nous a permis de mieux comprendre la vie à bord mais aussi de suivre l'activité intense des ports aux escales.
Vient ensuite le bilan du périple à proprement parler :
Autant le dire que ce n'était pas des 'vacances' au sens propre du terme mais plus un voyage fait d'aventures et de découvertes. En effet, Il y a eu l'intendance du camping-car à assurer avec sans cesse des interrogations comme où se ravitailler en eau, recharger du gaz, tomber sur une station avec du gasoil de bonne qualité, où vider ses eaux usées comme la k7 des toilettes. Puis la gestion des 'soussous'.... trouver la bonne banque ! Ensuite, viennent les haltes du soir, où dormir en sauvage ou en camping, le choix d'un coin sécurisé et comment définir cet emplacement sécurisé. Pour finir, la route à suivre en fonction de son état et de l'endroit à se rendre. Mais tout ceci fait partie du voyage et devient très vite un automatisme.

De juillet 2018 à mars 2019 nous avons parcouru à peu près 21000 kms sur 240 jours. Cela représente une moyenne de 90 kms jour. Tout n'était pas asphalté et kokopelli, notre camping-car a dû affronter environ 3500 kms de piste faite de trous, de cailloux... nous amenant parfois à réduire notre vitesse en première. Malgré l'état de ces routes fatigantes à la longue, nous garderons une très bon souvenir. Nous repensons notamment à la traversée de la mythique route de la Carretera Australe comme les abords du Volcan lanin ou encore la piste longeant le canal de Beagle à côté d'Ushuaia.
au niveau dépenses....
Depuis le départ, nous avons pris le réflexe de tenir un 'cahier de comptes'. Passant d'un pays à l'autre il est important de suivre comment partait nos dépenses. La moyenne mensuelle de dépenses s'élève à 1385 €. Nous n'avons pas beaucoup fait de restaurants, la 'meilleure cusiinière' étant à bord ;-).
Que dire de Kokopelli ? Il s'est très bien comporté. Nous ne relevons pas de signes majeurs de fatigue après ces 9 mois hormis une poignée de soute cassée et un compas de baie qui a cédé aux vibrations, rien de bien méchant. Nous avons beaucoup apprécié le choix fait pour notre véhicule de voyage en privilégiant le confort avec une bonne literie ainsi qu'un espace de vie aux étapes sans oublier le volume de soute pour y entreposer nos affaires. Question moteur, sur le conseil d'un ami Erick, 'spécialiste' de l'Amérique du Sud, nous avons maintenu des espaces de vidanges rapprochées et veillés au changement du filtre à air après passage de piste poussiéreuse. Le filtre à gasoil était purgé de manière à soustraire l'éventuelle présence d'eau. Enfin merci à Didier pour son conseil et assistance à éliminer le FAP et neutralisation de la vanne EGR.
Conscient que notre prochain périple va concerner des pays comme la Bolivie et le Pérou et Equateur jusqu'en Colombie, nous prendrons les mêmes mesures d'entretien concernant kokopelli. Après le risque de 'panne' n'est jamais exclu.... Alors en attendant 'Ich Allah' ....
Dans ce bilan il y quand même des points négatifs...
- Il faut signaler la présence de déchets partout en ville comme dans la campagne. Même si le Chili est aujourd'hui en voie d'amélioration avec le 'tri sélectif', les déchets sauvages sont là présents un peu partout en bordure de route, sur les plages, dans les parcs nationaux. Il est fréquent de rencontrer des pneus ou électroménagers abandonnés mais aussi des sacs poubelles. C'est triste à voir... Le manque de civisme n'existe pas encore pour ce qui est de la propreté environnante. Cela arrivera... Nous avons du reste traversé des endroits où des sacs ne sont plus distribués dans les magasins pour 'sauvegarder la planète'... Il y a encore beaucoup de travail pour sensibiliser et faire évoluer les mentalités.
- le passage aux frontières Argentine - Chili. Les produits frais, viandes, fromages, laitages, légumes sont interdits à l'importation. Il nous est arrivé de basculer d'Argentine au Chili et quelques jours après de revenir en Argentine et subir ces désagréments.
- la musique 'tardive' qui bat son plein tard le soir jusqu'au milieu de la nuit même. N'oublions pas que la population est majoritairement hispanique à l'origine et que l'espagnol 'vit le soir'. Cela fait partie du voyage d'accepter çà !
- des voyageurs français rencontrés en chemin nous ont fait part de corruption aux contrôles de police en Argentine. Nous avons été contrôlé et toujours eu un accueil très chaleureux de ce côté là, une chance sans doute....
- un dernier point qui concerne les entrées dans les musées ainsi que les parcs nationaux. Le tarif appliqué est nettement plus élevé pour les étrangers. Ce qui est regrettable il faut l'avouer !
En conclusion,
En conclusion nous revenons 'enchantés' et 'émerveillés' des grands espaces visités, des animaux rencontrés et des gens côtoyés là-bas. Ce premier voyage nous a permis de prendre conscience une fois de plus de la fragilité de notre terre. Le nombre de photos et vidéos accumulé durant ce grand premier voyage ne suffit pas à traduire tout ce que nous avons vu.
Le périple '2' est au 01 août... c'est presque 'demain' !

Le parcours est tracé dans les grandes lignes. Il va consister à retrouver notre camping-car en Argentine et poursuivre le voyage vers le nord de l'Argentine, visiter la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, un séjour aux Galapagos puis gagner la Colombie. Nous ne voulons pas rater certains sites comme Machu Picchu, montagne aux sept couleurs, Sud Lipez, Altiplano, volcans, glaciers, temples et héritages Incas, Lac Titicaca, champs de café, plages exotiques...
Non on ne revient pas intact d'un long voyage mais enrichi et émerveillés alors :
Rendez-vous donc au 01 août en 'terres méconnues'... pour nous ;-)