
9 novembre :
Nous quittons le site de Sillustani et prenons la route en direction de Chivay, porte d'entrée du Canyon de Colca.
En chemin, nous faisons étape dans un petit village Santa Lucia pour y faire notre premier plein de gasoil. C'est la première fois que nous allons remplir notre réservoir au Pérou. Nous avons du mal à nous faire comprendre pour préciser que nous voulons du gasoil pas de la gasoline. Le gasoil du Pérou est de mauvaise qualité et avant de faire le plein, j'ajoute une quantité d'additif amené de France.
Nous voulons profiter de cette étape pour faire quelques emplettes. Nous stationnons Kokopelli et nous voici partis pour le grand marché qui se tient ici le samedi. De toute évidence, les touristes ne doivent pas souvent faire halte ici, les gens ici ont la peau tannée, ridée et usée par le soleil. Nous qui sommes plus 'pâles' comparés à eux et les habitants nous dévisagent.
A chaque stand, c'est toujours le même accueil, échanges de sourires et de bonjours. Des passants n'hésitent pas à venir vers nous pour nous serrer la main. Notre vocabulaire espagnol atteint après autant de mois de voyage nous permet de glisser quelques phrases d'humour avec les habitants.
Nous repartons avec des fruits et des légumes et du tissu coloré.
Nous reprenons la route sous la pluie en direction de Chivay. Nous pensions nous arrêter dans un petit village repéré sur la carte mais en arrivant, l'endroit ne nous convient pas.
Il est 16:00 et nous décidons de continuer. Mais aucun village en vue et la nuit commence à approcher. La route commence à grimper sérieusement, nous montons aussi en altitude, nous voici à 3700 mètres. Autant dire que la tension se fait sentir à bord....'Aurions-nous dû rester au précédent village'.... Trop tard, c'est trop loin pour y revenir.
Dans la nuit la plus totale alors qu'il n'est que 19:00 nous passons devant une enseigne encore éclairée d'une maison qui fait office de 'kiosco', magasin d'alimentation. Je pars taper à la porte pour demander si nous pouvons stationner à proximité.
La personne nous accueille chaleureusement et nous indique où stationner kokopelli. Nous sommes soulagés d'avoir trouvé cet endroit. En règle générale, nous nous arrêtons toujours avant la nuit, cela est plus pratique pour trouver un bivouac mais là nous nous sommes fait avoir par le temps.
10 novembre:
Après une bonne nuit réparatrice de nos émotions et angoisses de la veille, nous remercions la personne du kiosco et laissons à sa fille un petit souvenir de France.
Nous reprenons la route à travers un col qui nous amène à 4950 mètres d'altitude, les paysages sont bien sur époustouflants.

A peine partis, voilà que nous faisons déjà un premier arrêt devant une ferme où sont entreposés des moutons et des lamas. Le fermier nous explique le mode d'élevage des lamas, le moment de la tonte, il connait chaque bête de son troupeau et nous annonce que le troupeau va s'agrandir à en croire l'activité du moment car c'est le moment de la reproduction.
Arrivés au sommet du col, nous faisons étape pour contempler de nombreux volcans qui nous entourent qui varient entre 5200 et plus de 6000 mètres d'altitude mais le ciel grisonnant nous empêche de bien les distinguer.
Des vendeurs d'artisanat installent leurs produits, tous vendent à peu près le même depuis le bonnet péruvien, à l'écharpe, au pull andin jusqu'au simple bibelot 'recuerdo' (souvenir).

Une voiture s'arrête sur le parking sans doute pour faire des photos de la beauté du site à pareille altitude, les occupants sont attirés par la présence de kokopelli, un véhicule .... de France. ils nous posent des questions sur notre périple. La maman souhaite faire des photos avec notre accord. Le papy arrive aussi avec son chapeau et son costume du dimanche. Nous passons un agréable moment de simplicité à papoter avec eux avant de quitter tout ce petit monde.

Nous poursuivons la route qui enchaine virage sur virage pour arriver à Chivay, la porte d'accès au fameux 'Canon de Colca'. C’est le canyon le plus profond au monde et fait deux fois la profondeur du grand canyon des Etats-Unis.
C’est aussi l’endroit prisé pour y voir des condors andins qui habitent les profondes parois. Nos 'Gorges du Verdon' sont un ‘petit ruisseau’ comparé au 'Canon de Colca'. Il totalise 3400 mètres au plus profond.
Nous passons par le centre de Chivay, le tour de la ville est vite fait et s'organise autour de la place centrale face à une église qui remonte au temps des conquistadors.

Nous nous arrêtons à un restaurant pour y manger du lama, une viande assez gouteuse.
Fin d'après-midi, nous partons au poste de gendarmerie repérée en arrivant et demandons l'autorisation pour y stationner. Le brigadier nous montre une portion de pelouse, nous voici bien gardés pour la nuit avec 3 chiens qui monte la garde en permanence.
11 novembre :
Nous nous levons tôt et changeons peu à peu notre rythme de vie car le jour arrive dès 4 :00 du matin. Nous prenons contact avec la famille en France avant de prendre la direction du canyon.
La route est sinueuse et longe un côté bordé de collines avec des milliers d'hectares de terrasses cultivées (appelées « andenes ») sculptées dans les montagnes.
Ce mode de culture remonterait bien avant l’époque Inca. Chaque parcelle est dessinée de manière régulière à flanc de colline. Des pierres empilées les unes aux autres forment ces étages. Nous restons admiratifs devant ce travail impressionnant.
Nous arrivons à un petit village, Yanque avec une très belle église en partie en restauration. Nous discutons un moment avec le jardinier occupé à tailler le petit jardin accolé à l’église.
Dans l’après-midi nous partons visiter à pieds un site archéologique à quelques kilomètres de là. Nous traversons le Puente Sifón suspendu 50m au-dessus de la rivière avec ses tombes précolombiennes accrochées à la falaise.
Après une longue et pénible marche, pénible par manque d’oxygène avec l'altitude, nous arrivons devant des ruines du village classé de UYo-UYo.
Il a été prouvé que la présence de ce village pré-inca fut détruit une première fois en partie et les pierres avaient alors servi à reconstruire le village un peu plus bas.
L’arrivée des conquistadors n’a rien arrangé, ce peuple occupé était obligé de se plier au catholicisme imposé par l’occupant. Nombreuses maisons furent détruites et brûlées pour chasser les habitants vers le village devenu aujourd’hui Yanque.
Fin d’après-midi, nous revenons au camping-car en croisant des français en vacances au Pérou. C’est amusant de voir le nombre de français dans des lieux aussi reculés qu'est le village de Yanque.
12 novembre :
Nous sommes réveillés très tôt, il ne doit pas être loin de 6 :00 du matin. Nous entendons des personnes qui installent leur étalage sur la place. Moins d'une demi-heure plus tard voilà qu’une musique jaillit depuis de grosses enceintes. Pour celui qui espère faire une grasse matinée au Pérou, c’est raté !

De jeunes danseurs habillés d’un beau costume défilent et entament une danse autour de la fontaine.
Mais pourquoi organiser si tôt une fête de village. La réponse nous allons la trouver rapidement, des bus de tourisme débarquent au même moment. Tout est synchronisé et bien organisé.
Nous finissons notre petit déjeuner à toute hâte pour ne pas perdre un instant de ces magnifiques danses et très colorées.
Tout à coup, les touristes de passage sont rappelés au bus qui redémarre et poursuit son circuit, la musique s’arrête et les vendeurs comptent les quelques ‘sol’ qu’ils ont pu récolter en vendant un peu d’artisanat.

Le village revient à son cours normal c'est-à-dire calme comme auparavant, grand plaisir des personnes âgées qui apprécient de se reposer sur un banc à l’ombre de la place du village.

De leur côté les jeunes danseurs regagnent leurs maisons avant de partir pour le collège.
Nous allons débuter notre journée par un passage à des thermes situées en contrebas à la sortie du village le long du 'rio Colca' : les thermes Chacapi.
Sur place une piscine couverte et des bassins à l’air libre contiennent de l’eau sans cesse alimentée à une température de 38°C.
Autant dire que nous apprécions ce petit bain d’autant plus que nous serons à notre arrivée les seuls. Le décor est agréable, l’eau est limpide et chaude. Nous devons faire des pauses et sortir des bassins après une demi-heure afin de refroidir le corps mais rien n’est perdu on y retourne très vite ensuite.
Quelques heures après, nous partons sur la route qui mène à la ‘cruce del condors’.
Nous traversons quelques petits villages marqués par la présence d’une imposante église. Malheureusement certaines par manque de crédit tombent en ruine et la visite des trésors qu’elles renferment peut présenter quelques risques.

Nous continuons notre route et arrivons sur le parking d'observation des condors. L'endroit est déserté à cette heure d’après-midi des touristes.
Après le déjeuner, nous partons faire une petite découverte par un sentier qui longe le canyon et offre des paysages impressionnants depuis des miradors bien aménagés.
Nous rencontrons quelques vaches, seuls voisins, qui se demandent bien ce que nous faisons ici. Il est vrai que nous sommes les seuls visiteurs en cette fin d’après-midi à 3700 mètres d’altitude. Que ces vaches se rassurent, nous comptons bien rester ici la nuit de manière à mieux observer les condors au matin venu.
13 novembre :
Il est 6 :00 du matin…. Oui oui une fois de plus… Nous sommes réveillés par l’arrivée de 2 bus qui viennent stationner non loin de nous. Des collégiens descendent et arrosent de photos les paysages du canyon. Nous commençons à nous faire à l’idée qu’au Pérou, il ne faut guère espérer dormir le matin. En un mot nous sommes face à des ‘matinaux’ !
Le bus repart comme il est venu et nous allons prendre place sur l’un des belvédères dans l’attente d’observer ces fameux rapaces planer devant nous.
D’autres bus de tourisme viennent d’arriver et les belvédères se remplissent de monde. Malheureusement les passages des condors sont rares. Est-ce une question d’heure, de météo toujours est-il que le peu que nous apercevons ne ‘frôlent’ pas nos têtes comme le mentionnent les guides touristiques.
Mais le spectacle est agréable à voir et nous profitons du départ des bus pour longer le sentier d’un belvédère à un autre avant de revenir au camping-car.
En quittant le canyon nous rejoignons la ville de Juliaca pour continuer vers le nord. La route est longue mais pleine de beaux décors.
Nous avons avec nous le soleil ce qui nous permet de contempler des montagnes, des lacs, des volcans dont un en éruption plus fort qu'habituellement, c'est le volcan Chachani qui culmine à 6075 mètres.

Il se trouve à 40 kms et nous ressentons une odeur de soufre qui pique au nez. Les paysages rencontrés sur l'altiplano ne suffisent pas de nous enchanter, nous croisons flamands roses, lamas, vigognes et alpagas qui errent de partout.
15 novembre :
Une idée shopping ! allez peut-être que cela nous manquait. Nous sommes toujours à Juliaca et décidons de nous rendre au magasin 'El Real', un grand centre commercial de la ville.

Ce qui nous plait avec ce grand magasin c'est que nous pouvons entrer et stationner le camping-car.
Parmi tous les magasins visités, nous passons des heures chez 'Topitop'. Les soldes sont là et nous nous lâchons un peu avec les vêtements fabriqués au Pérou.
Nous sommes aux petits soins avec le personnel très sympa.
Sortis du magasin, c'est l'heure de pointe, les 'tuk - tuk' vont dans tous les sens essayant de se faufiler dans les embouteillages. Les klaxons qui remplacent ici les clignotants ne cessent pas de sonner. Il n'y a pas de passage piéton, c'est la véritable 'jungle'. L'audace, le culot remporte pour avancer et bloquer l'autre véhicule.
Nous arrivons quand même à sortir de cet enfer avec un diplôme virtuel appelé : 'permis de conduite péruvien'.
Où sommes-nous :
Prochaine étape : Checacupe - Pitumarca - Montagne aux 7 couleurs