
08 novembre :
Il est 9 :00, nous laissons kokopelli sur la placette du village de Llachon et partons à pieds au complexe de Freddy.
Jessica son épouse nous emmène jusqu’au quai d’embarquement et faisons la connaissance de Rolando, le pilote du bateau. Sans tarder Rolando largue les amarres et nous voici partis sur l'île Uros Titino.
Il fait beau ce matin, le lac est très calme. Nous voici seuls passagers à bord, l'île est à 30 mn de bâteau, les paysages sont magnifiques, l'eau est très calme à cette heure de la journée.
La chaleur devient de plus en plus présente et nous abandonnons vite nos polaires, place à la crème solaire et au chapeau. Nous apercevons la ville de Puno au fond et l’île de Tequile.
Le bateau s’approche d’une myriade d’îles à proximité de ‘totora’, type de roseaux.
A notre arrivée, nous sommes accueillis et sommes les seuls visiteurs du moment.
L’histoire raconte que les Aymaras avaient fui l’invasion des conquistadors pour se réfugier sur des portions de terres flottantes du lac. Depuis ces communautés habitent toujours ces îles sur le lac Titicaca.
L’île ‘Uros Titino’ sur laquelle nous nous trouvons regroupe des familles, une vingtaine de personnes qui vivent là en permanence.
Ici on parle Aymara, troisième langue au Pérou après le Quechua et l’Espagnol. Le chef élu pour un an nous invite à s’assoir et nous explique la construction de l’île. La profondeur du lac est assez faible dans cette zone et cela favorise le développement de ‘totora’, une sorte de roseau qui pousse depuis un milieu ressemblant à de la tourbe.
D’immenses blocs de cette terre légère flottante sont extraits et réunis en eux pour former la base flottante de l’île. Régulièrement des couches de ‘Totora’ sont coupées et étalées sur l’île pour redonner de l’épaisseur.
Le chef de l’île nous explique ensuite la vie au quotidien. L’activité principale est faite de pêche et de chasse des oiseaux du marécage. Une fois par semaine ils se rendent sur la presqu’île pour ‘troquer’ les poissons et les oiseaux capturés avec des pommes de terre, du riz, du quinoa. Deux femmes de l’île nous font une démonstration de ce troc.
Nous partons ensuite faire une petite promenade sur une embarcation en ‘totora’ et le chef nous fait une démonstration de la coupe de branches fraîches dont le cœur semble comestible sans avoir un goût particulier rappelant un peu le poireau ou le palmier en plus fade.
De retour sur l’île, nous remarquons la présence d’un groupe de touristes récemment débarqués et le ‘côté authentique et paisible’ de l’île a un peu disparu.
Le groupe de touristes est bruyant et mitraille les gens qui vivent là comme la visite d’un zoo. Nous sommes un peu gênés même.
Heureusement la présence de ce groupe d’étrangers va être de courte durée ce qui va nous permettre de se retrouver à nouveau seuls avec les habitants et discuter avec eux, s’assoir auprès d’eux, rire avec eux et encore plus en apprendre sur leur mode de vie, sur leurs habitations de fortune faites en totora sans chauffage où la température peut atteindre – 10°C à certaines périodes de l’année, en fin sur la façon de cuisiner évitant la propagation du feu sur cette ‘paille’ séchée.
Certes si aujourd’hui les barques motorisées facilitent la chasse et la pêche et les déplacements, si les panneaux solaires installés apportent la lumière, ces personnes continuent à vivre en autosuffisance de manière à perdurer l’héritage laissé par leurs ancêtres.

Nous participons à la vie de cette île en achetant quelques produits artisanaux, bon reste encore à savoir si cela est vraiment de l’artisanat local ou du 'made in China', en effet nous retrouvons des produits identiques en vente en Bolivie, pays voisin du Pérou.

Il est temps ensuite de reprendre le bateau pour retourner à Llachon, cela fait plus de deux heures que nous sommes là. Avant notre départ nous allons saluer chaque personne de l’île pour les encourager à maintenir ce mode de vie et sommes accompagnés pour embarquer.

Alors que les bateau file, l’île s’éloigne de plus en plus, les habitants nous font quelques derniers gestes d’adieu.

Durant la demi-heure de bateau qui nous sépare de Llachon, Rolando le pilote me laisse manœuvrer en m’indiquant le point de mire à suivre.
Je prends un certain amusement à cette conduite essayant de garder 'quand même' le bon cap avec les vagues qui se multiplient à notre passage.
A notre arrivée Jessica nous accueille sur les longs escaliers et nous remet autour du coup un collier de fleurs, signe de bienvenue.

Nous montons avec elle jusqu’au complexe et nous nous installons pour déjeuner, au menu une soupe de légumes et de quinoa puis une ‘trutcha’, une truite avec petits légumes puis un dessert et une tisane de muna (plante médicinale des Andes).
Le repas terminé, nous sommes invités à nous rendre à une parcelle de jardin qui juxtapose l’imposante maison qui surplombe le lac.

Jessica amène des vêtements locaux que nous enfilons pour la ‘photo souvenir’ de notre passage.

Sylvie mi-polonaise mi-péruvienne présente très bien dans son accoutrement.
Pour ma part, avec mon pancho et mon chapeau péruvien, il ne me manque plus que la flûte pour jouer un air de ‘el condor passa’.
Nous avons de bonnes parties de rires avec Jessica qui oublie une peu son côté timide et réservé.
Elle nous abandonne ensuite un instant pour revenir avec des cuvettes en terre, de l’herbe et des morceaux de laine de moutons.
Elle réalise devant nous la fabrication d’une mixture détergente en pilant une herbe appelée 'spinosa' au moyen d’un pilon en pierre. Elle ajoute ensuite cette bouillie dans une cuvette d’eau qui mousse, et y plonge un morceau de laine de mouton qu’elle ressort un instant après, le morceau de laine est d’une blancheur exemplaire. Toujours dans ses démonstrations elle nous montrera comment filer de la laine d'alpaga ou de lama.
Nous pourrions passer l’après-midi entière avec Jessica, apprendre encore d'autres techniques mais nous devons poursuivre notre périple. Nous remercions bien chaleureusement Jessica et sa famille pour cet accueil inoubliable et ces riches moments de partage. Dans le ‘voyage’, il y a toujours des moments d’émotions durs à traduire faits de magie inexpliquée. Cela fait partie des beaux aspects du ‘voyage’.

Nous retrouvons kokopelli et préparons notre départ. Des locaux passent à côté de nous et nous font signe de la main, nous nous sentons bien sur cette presqu’île.
Alors que nous roulons, nous découvrons de beaux paysages de cette vie rurale. Nous garderons un excellent souvenir de ce petit séjour dans ce monde reculé de tout.
Sur la route nous nous arrêtons devant des fermes ressemblant à un tableau de 'lutins'. Faits d'adobe et de paillages pour la toiture, l'entrée possède deux petits cochons. Nous demandons à des locaux qui nous indiquent que la présence de petites statuettes de cochons sur l'entrée est un 'porte bonheur'.

Nous arrivons en fin d’après-midi à Sillustani et nous garons sur le parking pour la visite fixée à demain. Il pleut comme chaque fin d’après-midi, nous espérons que le soleil sera de la partie pour visiter le site.
Où sommes-nous :
Prochaine étape : Site archéologique de Sillustani