Direction 'Gros Morne'

Le 11 mai :

Nous reprenons la route côtière de l’estuaire pour revenir sur Corner Brook. Il souffle un vent fort et la météo annoncée pour les deux jours à venir n’est pas idéale. Le ciel gris accentue les couleurs de la végétation qui commence à peine à se réveiller.

Avant de continuer sur la route principale de l'île qui porte le nom de ‘Viking Trail’ en direction du nord, nous partons faire quelques emplettes. Les magasins affichent de merveilleux gâteaux colorés, c’est aujourd’hui qu’est célébré la fête des mères au Canada.

Nous faisons ensuite un arrêt à un Canadian Tire, ce fameux magasin où on trouve de tout. Nous ressortons avec un ‘indispensable’ à posséder avec soi lors des randonnées, je veux parler d’une bombe aux poivre. C’est un répulsif puissant en cas d’attaque d'ours.

En sortant du magasin, nous rencontrons un pêcheur installé sur le parking qui vend à la sauvette des homards. Dans un français-anglais, il est tout fier de dire qu’il a des origines françaises du temps où les colons sont arrivés sur Terre Neuve. Nous repartons bien sur avec deux belles pièces de homards pour 22 dollars canadiens (environ 14 euros).

Sur une note d’humour, on se dit qu’on va ralentir cette consommation de crustacés car cela devient un peu routinier pour ne pas dire commun comme repas - je dis bien - sur une note d'humour mais il est vrai qu'ils sont si bons et si frais qu’on ne sait pas y résister.

Alors que nous roulons, la température indique à peine les 2 degrés et il tombe une pluie de plus en plus intense mêlée de neige et avec çà de véritables bourrasques de vent.  Nous arrivons à Rocky Harbour, point de départ de nombreuses randonnées qu’offre ce parc du ‘Gros Morne’.

Le 'Gros Morne' est un parc national et est reconnu pour sa beauté naturelle spectaculaire et son importance géologique.

Il se compose de fjords résultant d'anciens glaciers. Le parc abrite de nombreuses espèces animales comme orignaux, caribous, castors pour ne citer qu'eux.

Hélas avec le météo d'aujourd'hui nous faisons que traverser le parc espérant qu’en redescendant du nord, la météo sera meilleure pour nous permettre d'y faire quelques randonnées.

La température approche les 0 degrés et les flocons s'intensifient. Il nous est très difficile d'avoir du réseau sur l'île. Nous profitons d'un faible signal pour consulter l’application Ioverlander et trouver un endroit où s’arrêter, la météo devient trop mauvaise.

Cela nous amène au parking de la bibliothèque du village de Cow Head. Les rues sont désertes, le coin est très calme et comme bien souvent dans les villages traversés, les maisons sont espacées. Sur ce parking, nous avons une chance inouïe qui est d’avoir de l’internet gratuit depuis la bibliothèque. Que demander de plus, nous avons le plein de courses, d'autonomie et un internet gratuit, il peut pleuvoir, nous sommes bien dans Kokopelli-2…

Le 12 mai :

Le mélange ‘flocons de neige – pluie’ de la veille a cessé durant la nuit.

C’est le bruit du passage du chasse neige qui nous a réveillé ce matin. En ouvrant le rideau occultant on constate avec surprise que tout est blanc autour de nous. Un véritable vent glacial souffle dehors, il fait -3 degrés et nous assistons à une véritable tempête de neige. Nous prenons conscience que nous sommes bien dans une partie nordique du globe.

Nous restons bien au chaud et apprécions beaucoup les 21 degrés de l'intérieur. Nous décidons d’attendre que les conditions routières redeviennent normales avant de poursuivre notre périple.

Profitant de l’internet, nous occupons notre temps à travailler sur les prochaines destinations et envoyons des messages à la famille et amis.

Nous échangeons quelques messages avec Claire de Montpellier, baptisée ‘la passionnée’ de Terre Neuve. Mais qui est donc Claire ? Lorsque nous avons préparé le périple notamment sur la partie de Terre Neuve, nous nous sommes abonnés à un groupe facebook intitulé 'Terre Neuve - Labrador'.

C'est un groupe très riche en conseils. Claire est une française de ce groupe et grande passionnée de Terre Neuve pour s'y rendre très souvent, elle envisage même d'aller y habiter. elle nous a conseillé tous les coins et recoins à visiter, les randonnées à faire sur l'île.

Nous lui adressons donc un message pour lui dire où nous nous trouvons. Elle nous parle d’un ami à elle qui serait heureux de nous rencontrer et en plus il est actuellement dans le secteur en visite chez sa mère et s’apprête à redescendre chez lui dans le sud. Chose faite, échange de messages avec Shiann qui nous rend visite. Nous discutons de longs moments autour d’un thé sur les coins à voir dans les environs, sur la situation politique actuelle entre le Canada et les USA, sur les coutumes de Terre Neuve, sur la vie en général sur L’île durant l’hiver notamment. Nous promettons de lui rendre visite lorsque nous serons dans le sud de l’île. Ce sympathique moment d’échanges nous a fait oublié la météo ‘hivernale’ du dehors.

La température est bien remontée, il fait ‘chaud’ dehors, enfin ‘chaud’, disons que les 7 degrés font qu’on se contente de dire qu’il fait ‘bon’. Bien sur le manteau neigeux a fondu laissant quelques traces par ci par là. Nous profitons de cette accalmie pour partir à la découverte de l’extrémité du village de Cow Head.

Nous abandonnons Kokopelli-2 sur une petite place de parking du petit port de pêche. Munis de bonnets, gants et bien emmitouflés nous partons faire une balade. Nous passons par l’unique quai du port où règne une intense activité. Des pêcheurs remplissent des caisses de homards, ces caisses sont ensuite chargées dans un camion. 

Nous continuons la visite de ce petit port avant de grimper sur un sentier côtier qui va nous mener à la pointe d’un cap qui donne sur l’océan. Nous traversons des sous bois, le soleil est revenu et intensifie les couleurs des forêts comme de l’océan que nous longeons où les vagues viennent se fracasser sur les falaises.

Le franchissement de certains endroits reste cependant délicat à cause de la présence de plaques de neige résiduelle.

Pour l’histoire, Jacques Cartier a passé une nuit à Cow Head en 1534. Il avait nommé Cow Head « Cap pointu ». Plus tard les français l’ont rebaptisé « Tête de la vache ». A une certaine époque, un rocher en forme de tête de vache pouvait être consuté sur la pointe sud de la péninsule. Ce nom français fut ensuite traduit par les anglais pour donner son nom actuel « Cow Head »

Nous croisons en chemin le phare plus en service aujourd'hui. Ce phare a été construit au 19 eme siècle, pour sécuriser la navigation autour des caps rocheux de la région. Il est de taille petit mais jouait un rôle vital pour les pêcheurs locaux et les navires côtiers

Il est temps de reprendre la route mais revenus au petit port où nous attend Kokopelli-2, nous ne pouvons pas résister et repartons avec 500 g de noix st Jacques.

Sur la route une halte s’impose sur un site appelé : ‘the arches Provincial Park’. Le titre est long mais la visite est rapide. Quelques immenses blocs de pierres se distinguent sur une immense plage faite de galets ronds. De véritables voûtes sont creusées dans ces pierres.

L’origine vient de la fin de l’époque glaciaire. La fonte d’un glacier aurait entrainé des sédiments et réalisé cet édifice, la fonte de la glace aurait alors contourné les blocs de pierre et creusé ces véritables pont.

Nous arrivons à Port au Choix, un nom bien curieux pour cette ville où nous cherchons un endroit abrité du vent pour passer la nuit.