Route des Baleines

27 juin :

Il est 5:00 du matin, le soleil se lève et nous sommes prêts pour embarquer Kokopelli2 sur le ferry, direction 'Les Escourmins', situé sur la rive nord du fleuve Saint Laurent.

Pourquoi passer sur l'autre côté de la rive ?

Sur la rive sud, la profondeur du fleuve Saint Laurent n'excède pas 20 mètres et possède de nombreux récifs, ce qui a été du reste la raison de nombreux naufrages dans le passé.

Par contre la rive nord qui résulte de la fonte de glaciers possède quant à elle une profondeur de 250 à 300 mètres, créant un couloir pour la navigation de bateaux.

Cette grande profondeur combinée à des courants très froids et riches en nutriments, explique pourquoi les baleines viennent s'alimenter dans cette zone - notamment à la confluence du Fjord du Saguenay et du fleuve, où les eaux douces et salées se mélangent.

Sortis du bateau, nous faisons halte au bureau de tourisme pour obtenir le maximum d'informations sur les baleines. La personne nous renseigne et nous recommande de se rendre au centre de découverte du milieu marin situé à quelques kilomètres. C'est un lieu incontournable pour mieux comprendre l'ecosystème marin du Saint Laurent.

On assiste à la projection d’un film d'un plongeur professionnel qui nous présente les fonds marins à une dizaine de mètres de la surface. L’estuaire du fleuve Saint Laurent nous réserve de belles surprises : ses jardins multicolores.

Sur fond rose produit par une algue, des invertébrés  de toutes sortes composent des mosaïques de couleurs, de formes et de textures presque inimaginables.  Le fond marin est habité par des oursins, des homards, de magnifiques étoiles de mer mais aussi par des poissons qui savent se confondre dans le décor.

Sorti de ce riche documentaire, nous suivons le conseil du bureau de tourisme et roulons jusqu’au  parc du Fjord du Saguenay. C’est un bras de mer glaciaire qui se jette dans le fleuve du Saint Laurent.

Arrivés dans la baie de Sainte Marguerite , nous prenons le sentier ‘halte du Beluga’. C’est là que se trouve la pouponnière des bélugas, un endroit unique au Québec pour observer ces cétacés en milieu naturel.

Nous marchons un long moment pour arriver à un joli belvédère en bois. Toutes les chances sont réunies pour les apercevoir, l’observation se fait à courte distance avec jumelles, c’est idéalement la bonne période mais il y a du vent qui génère des vagues sur le Saguenay. Nous restons un long moment à observer ne serait-ce qu’une brève apparition mais  les bélugas ne sont pas au rendez-vous.

Nous quittons le parc du Saguenay pour rejoindre un belvédère situé sur le bord du fleuve Saint Laurent, le cap de Bon-Désir situé à 20 kms de Tadoussac. Nous préférons ce point d’observation écartant la visite de Tadoussac réputée mondialement pour les excursions aux baleines. Les chiffres sont là, ce n’est pas moins de 300000 visiteurs annuels qui viennent ici entre juin et septembre. Les excursions aux baleines sont nombreuses, les sorties en zodiaques sont bruyantes et cela gêne une certaines faune qui peu à peu hésite à se montrer sans compter du traffic incessant de bateaux qui traverse le fleuve.

Nous ne sommes pas les seuls visiteurs à prendre position sur les rochers du belvédère. Nous surplombons la vue en ce lieu de prédilection pourles mammifères marins qui viennent s’alimenter dans les eaux riches en krill. Nous restons immobiles durant des heures à contempler l’apparition de l’un d’eux,  il fait froid à proximité du fleuve aussi nous gardons sur nous une couette.

Pour passer le temps dans l'attente de voir les baleines, nous admirons les déplacements des cormorans qui prennent leurs envols, c'est assez amusant.

Après trois bonnes heures, nous partons explorer le relief côtier joliment coloré, gardant un œil de temps en temps sur l’horizon pour ne pas rater l’éventuelle apparition d’une baleine.

Revenus au point d’observation du cap, il semblerait que la mer soit en phase montante et là nous allons vivre quelque chose d’intense allant  de surprise en surprise.

D’abord une ‘tache’ blanche sort timidement de l’eau pour replonger puis ressortir à nouveau.

C’est un béluga puis un deuxième fait son apparition. Le résultat n’est pas spectaculaire mais c’est déjà un indice.

Alors que des kayaks longent la côte, on aperçoit un aileron dorsal pointu incliné vers l’arrière. Le mammifère disparait dans l’eau pour refaire une nouvelle apparition et dévoiler plus sa grande taille.

Il sagit d’un rorqual commun dont la taille comparé au kayak doit approcher les 20 mètres. Le ranger présent sur le point du belvédère nous informe que cette baleine peut peser jusqu’à 80 tonnes.

Le mammifère laisse échapper un souffle à chacune des apparitions en surface. Il frôle les kayaks qui arrêtent de ramer mais ne semble pas se soucier de leur présence préférant plonger pour mieux se nourrir du kryl.

Le spectacle est magique, grandiose, nous sommes aux premières loges, en direct avec ce que la nature nous offre. Le mammifère fait plusieurs apparitions, il vient à la surface et replonge comme un sous-marin pour disparaitre dans les profondeurs de l'eau.

Assis sur les formes arrondies du belvédère nous discutons avec un couple voisin, Christophe est originaire de France et son épouse qui est québécoise. Nous passons un moment très sympathique avec eux à parler de voyages, de la vie au Canada et de la France. Nous restons en contact et peut-être passerons-nous les voir après Québec.

Après 6 :00 restées sur ce belvédère, nous réalisons que nous n’avons pas encore déjeuné et quittons cet endroit magique le ventre creux mais la tête pleine de souvenirs. Nous allons au village des Escourmins pour notre bivouac du soir.